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Critique de soniamanaa


La nuit est d'encre. Levons les yeux vers le ciel. Peut-être appercevrons nous une luminescence bleue émanant d'Acidia Planitia, plaine martienne située entre le dôme de Tharsis et Arabia Terra...
De ce lointain sidéral, un message nous est adressé, écrit dans un langage universel, les mathématiques.
Parce que les maths sont apparemment tout, le temps et la distance, la matière et l'énergie (et leur entropie inéluctable), la poésie parfaite, l'architecture la plus noble et la partition de toutes les musiques.

Ce premier roman d'Ethan Chatagnier est aussi ma première incursion dans les catalogues de l'imaginaire. Je l'ai abordé avec méfiance, craignant quelques aliens embusqués, et j'y ai trouvé une prose poétique de l'universel.

L'auteur prend pour postulat un débat qui a agité la communauté scientifique dans les années 1880. Giovanni Schiaparelli, puis Perceval Lowell, astronomes, affirment percevoir dans la rectitude de lignes observées sur la planète Mars une certitude de vie organisée.
A partir de là, le roman propose une uchronie dans laquelle les terriens auraient initié un dialogue avec la planète rouge. Un dialogue écrit dans un "curieux langage" et proposant des équations à résoudre.
Depuis la première : 2+ 2= 4 à laquelle les terriens seront fiers de répondre 3+3=6, et même 4+4=8, la difficulté des équations s'intensifie jusqu'à faire caler Einstein himself.
Le dialogue s'interrompt. Sans doute les créatures du ciel ne nous jugent pas dignes de le poursuivre...
Cette mystérieuse équation hante une jeune mathématicienne de génie, Crystal. Dans les années 60, elle parvient à la résoudre et renoue le dialogue en gravant dans le désert d'Arizona la réponse attendue, obtenant en retour un nouveau défi.

Roman du langage, de l'incommunicabilité, de la diffraction des distances comme celle des sentiments, ce livre ouvre des abîmes vertigineuses.
Pas d'aliens en embuscade, mais l'immensité de questionnements universels autour de l'inévitable entropie de toute chose que nous, terriens avons tant de mal à concevoir.

Je ne regrette pas mon voyage interstellaire. Je regarderai dorénavant la lumière avec l'intime conviction que, dans les huit minutes qu'elle met à me parvenir, se tapie une infinité de possibles. Et cette certitude nouvelle d'une urgence à vivre offre les clés d'un langage sans doute difficile et abscons, mais dont l'universalité ne se dément pas.
Une logique inébranlable régit toute chose, de la plus humble à la plus vaste. L'apprendre de martiens ou par la grâce d'un roman importe peu, il est juste nécessaire de le vivre.
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