AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Valentia


Comment décrire La Promesse des Ténèbres de Maxime Chattam autrement que comme une escalade dans l'horreur, ou plutôt une descente aux Enfers ? Celui qui est souvent défini comme « le Stephen King français » nous livre un thriller implacable qui nous entraîne dans les profondeurs les plus sombres de New York City, mais aussi et surtout de l'âme humaine. Coeurs sensibles s'abstenir.

Un journaliste, une actrice porno. Une photo, une vidéo. Une rencontre, un suicide. Tels sont les premiers ingrédients de ce roman féroce et sans aucune complaisance. Ajoutez à cela que le journaliste en question, Brady, est marié à une flic du NYPD, Annabel, qui est chargée de l'enquête sur le suicide de cette fille, Rubis, et vous obtenez un thriller au suspense insoutenable. L'objectif du narrateur est braqué dans deux directions : l'enquête de Brady et celle de sa femme. Les deux alternent : deux points de vue (trois, si l'on compte celui du coéquipier d'Annabel), des informations différentes, des méthodes d'investigation inconciliables.

Car si le NYPD emploie les méthodes traditionnelles : interrogatoires, témoignages, perquisitions et tests ADN, Brady, lui, va enquêter comme il peut, en cherchant les informations le plus près possible du monde concerné. Et le monde du commerce du sexe n'est pas rose… Il s'en rendra bien compte en s'y brûlant les ailes.

Ce journaliste pour qui l'on se prend d'affection et avec qui l'on tremble de peur d'être découvert va descendre toujours plus bas dans les strates de la société. Lui-même ne pense pas pouvoir trouver pire déchéance, et pourtant… Et en toile de fond de ces investigations se dresse la problématique du désir masculin, de la jouissance du mâle qui semble à certains si proche de l'éternité. Ainsi que la question de savoir où sont les limites que l'on doit y fixer pour ne pas sombrer dans la perversité.

le lecteur masculin ne peut que s'interroger sur cette part de bestialité qui subsiste en lui malgré tous les siècles de civilisation qui sont passés par là, et sur la manière de le contrôler, de le rationaliser, pour rester humain et ne pas (re)devenir bête.

La lectrice, quant à elle, si elle n'abandonne pas le roman dès les premières pages, se posera d'abord, à l'instar d'Annabel, la question suivante : « Est-ce que tous les mecs regardent des films pornos ? », avant de se rendre compte que, malheureusement, le roman semble totalement éluder le point de vue des femmes. Car, non, il n'y a pas que les hommes qui regardent ce genre de films. Et, au vu de la problématique de fond du roman, on pourrait s'attendre, à un moment du moins, à une comparaison entre les désirs masculin et féminin. Si l'on ne peut pas en vouloir à l'auteur, étant un homme, de ne rien en savoir, on peut cependant lui reprocher de ne pas s'interroger.

Cet effacement des femmes qui ne sont présentes qu'en tant qu'objets, en-dehors d'Annabel (et encore, elle reste tout de même un personnage assez plat comparée à son mari), est le reproche le plus grave que l'on puisse faire à Maxime Chattam.

Dans la même veine que le Manhattan Nocturne de Colin Harrisson, La Promesse des Ténèbres est un thriller qui sait nous tenir en haleine par son rythme haletant et insaisissable, une virée dans un milieu auquel l'on n'a pas souvent l'occasion de se frotter dans un roman francophone. Une belle découverte et un tour de force surprenant.
Commenter  J’apprécie          30







{* *}