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Critique de Presence


Ce tome regroupe les 4 numéros parus en 1990/1991. Il comprend 7 histoires ayant comme personnages principaux Fafrhd et le Souricier Gris, créés par Fritz Leiber et héros du Cycle des Épées (à commencer par Épées et Démons). Ces 7 histoires sont des adaptations de récits écrits par Fritz Leiber. Les scénarios sont d'Howard Chaykin, les dessins de Mike Mignola, l'encrage d'al Williamson et la mise en couleurs de Sherlyn van Valkenburg.

2 membres de la Guilde des Voleurs de la cité de Lankhmar ramènent à la Maison des Voleurs un important butin. Ils sont attaqués par 2 malandrins qui ne s'étaient pas coordonnés. C'est ainsi que se rencontrent Gray Mouser et Fafhrd. Dans la première histoire, leurs dulcinées respectives ainsi que le vol des bijoux les amènent à devoir investir la Maison de la Guilde des Voleurs. Dans l'aventure suivante, ils parcourent le territoire de ce pays à la recherche d'aventures intéressantes. Ils croisent pour la première fois le chemin de Sheelba, un sorcier. Par la suite ils pénètrent dans une tour où vit un sorcier reclus immortel ayant peur des loups. Ils dérobent ensuite un charmant pavillon de marbre ce qui les oblige à demander l'aide de Sheelba et Nigauble (un autre sorcier). Ils ont encore à visiter un incroyable magasin dans le quartier le plus louche de Lankhmar. Puis Fafhrd rejoint un mystique prêchant la foi en Issek, alors que Gray Mouser sert de collecteur de fonds pour un caïd. Enfin une vieille légende les amène sous l'eau dans le royaume du Roi des Mers, en son absence, pour aller taquiner les femmes de son harem.

La première histoire mettant en scène Fafhrd et le Souricier Gris date de 1936, et Fritz Leiber écrira leurs aventures jusqu'en 1983, l'équivalent de 7 tomes. Ils sont braves et courageux, mais ils sont aussi capable d'apprécier les liqueurs et ils courent volontiers la gueuse. Dans la préface de Chaykin et la postface de Mignola, ces auteurs expliquent que Fafhrd et le Souricier Gris ont eu un aussi grand impact sur eux que les héros de Robert E; Howard, ou ceux de Michael Moorcock. C'est la raison pour laquelle ils ont souhaité y rendre hommage au travers de cette adaptation. Si ces épisodes ont connu les honneurs d'une réédition, c'est surtout parce qu'ils ont été dessinés par Mike Mignola, peu de temps avant qu'il ne crée Hellboy, son propre personnage en 1993. À la même époque, il travaillait concomitamment sur Ironwolf, également avec Howard Chaykin.

Cette époque de la carrière de Mike Mignola correspond à l'époque charnière pendant laquelle il expérimente de plus en plus avec les aplats de noir, leur placement et leur forme, tout en s'éloignant des dessins réalistes, en particulier en ce qui concerne les silhouettes et les traits des visages. Il s'agit d'une époque où il travaille encore avec un encreur, ici un vétéran talentueux, à savoir Al Williamson. Il est visible qu'au fil des épisodes Migonla affine son style pour aller plus vers l'épure et que Williamson adapte petit à petit son travail pour mieux transcrire les crayonnés de Mignola.

Pour le premier épisode, Mignola et Williamson s'appliquent à créer un urbanisme particulier pour la cité de Lankhmar, ainsi qu'une mode vestimentaire originale. le lecteur a le plaisir de déambuler dans des quartiers exotiques, habités d'individus singuliers. Il découvre un sorcier articulant des incantations très visuelles. L'histoire est très classique et réserve peu de surprises. le dessin des visages peut fortement déconcerter si vous n'êtes pas familier du style de Mignola avec des sortes de gros pâtés en lieu et place des lèvres. le deuxième épisode permet à Mignola de s'essayer à l'évocation de différents styles de cités de part le monde de Newhon. Mais à nouveau, l'intrigue est bien mince et beaucoup trop classique. Chaykin n'arrive pas à faire passer la personnalité des 2 héros. Mignola commence à se lâcher dans la troisième histoire pour favoriser l'ambiance aux détails, toujours sur une trame trop facile.

Avec la quatrième histoire, Chaykin, Mignola et Williamson ont enfin trouvé un équilibre satisfaisant pour que l'histoire dans son ensemble présente un potentiel de divertissement satisfaisant. le second degré pointe son nez, ainsi qu'une forme douce d'autodérision. Mignola prend visiblement un grand plaisir à concevoir des aménagements intérieurs qui mélangent plusieurs styles improbables tels qu'une vieille bibliothèque avec des meubles de type empire.

À partir de la cinquième histoire, Chaykin trouve un peu de verve (il faut dire que l'histoire s'y prête plus), même s'il fait encore trop reposer l'avancement du récit sur les dialogues d'exposition, et pas assez sur les images. Mais l'histoire originale de Leiber est une charge claire et transparente contre le consumérisme, parfaitement intégrée à ce monde moyenâgeux baigné de sorcellerie. Mignola conçoit des visuels baroques enchanteurs et dépaysants. Williamson a trouvé la technique d'encrage adaptée pour ne pas être en conflit avec le style de Mignola. La mise en couleurs trahit un peu son âge, et surtout une volonté trop visible de se démarquer des palettes habituelles pour faire un peu artistique. La sixième histoire est tout aussi piquante et baroque. La dernière est un peu plus convenue en ce qui concerne l'intrigue, mais toujours aussi inventive et envoutante pour les images.

Ces adaptations de Fritz Leiber ne sont pas toutes de même niveau. Il faut un peu de temps (la moitié de l'ouvrage à peu près) pour que Mignola se sente à l'aise et que Williamson travaille à l'unisson des crayonnés. Howard Chaykin se révèle peu adroit à transposer ces histoires en bandes dessinées, à la fois par la part trop importante dévolue aux dialogues d'exposition, et à la fois par son incapacité à faire passer la personnalité de Fafhrd et du Souricier Gris. Il est vraisemblable également que le choix des histoires adaptées n'ait pas été le plus judicieux. Je mets quand même 4 étoiles parce que je reste sous le charme des épisodes les plus réussis.
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