"Depuis ton départ, on dirait que le mot" Liberté" n'est plus aussi péjoratif qu'auparavant.
Il n'est plus synonyme d'irresponsabilité, d'immoralité ou même de criminalité ".
Pour pouvoir vivre dans un monde civilisé, il faut s'identifier, c'est cela.
[...] - Te souviens-tu, m'a-t-elle dit, de l'histoire de cette femme qui, à force d'attendre son mari séparé d'elle par une large rivière, est devenue une pierre et plus tard une curiosité pour les touristes ?
N'est-ce pas agréable de devenir une pierre en mourant ? Mais l'idée de devoir m'exposer aux regards des touristes me terrifie.
Tu sais, plusieurs soupçonnent que la rivière ne soit pas le véritable obstacle pour ce couple, mais bien le coeur de l'amoureux en question. On complète même cette histoire en décrivant le retour du jeune homme dans son pays : il est passé près de la pierre en disant à sa nouvelle épouse qu'il trouvait la statue jolie.
Mais je pense qu'en quittant une ville où l'on a vécu quelque temps, on sent une partie de sa vie se perdre d'un seul coup dans le nuage que l'avion traverse. Le vide en soi devient sans borne.
Fais attention, ma belle lune, tu risques de te brûler en embrassant ton soleil. Mais il a tellement besoin de toi. Tu es sa seule source d'énergie. S'il se lève tous les jours, c'est dans l'espoir de te revoir. Pourquoi doit-on attendre cette lueur de crépuscule pour pouvoir se rencontrer, pourquoi pas plus tôt ? J'ai besoin de toi. Tu sais combien les nouveaux-nés sont solitaires.
Tu n'as pas l'air d'aimer cet "exil" qui t'attend. Pour moi, il s'agit plutôt d'une migration, la migration qu'on trouve à chaque époque de l'histoire humaine et chez toutes les autres espèces vivantes. Une migration nécessaire et pas trop douloureuse.
Les charmes d'une autre culture ne sont qu'illusion pour les étrangers qui découvriront très vite le revers de la médaille, lequel leur semblera d'autant plus laid qu'il est inattendu.
C'est important d’avoir un pays quand on voyage. Un jour tu comprendras tout cela : quand tu présentes ton passeport à une dame aux lèvres serrées, quand tu te retrouves parmi des gens dont tu ignores jusqu'à la langue, et surtout quand on te demande tout le temps de quel pays tu viens.
"Encore un mot, le dernier : si le cerf-volant n'avait pas peur de chuter ? Et si je tenais à être cet idiot qui ne s'enfuit pas ?
Yuan, de Montréal
Un cerf volant par terre ne vaut plus rien. Et puis, je n'aime pas beaucoup les idiots.
Adieu, Yuan
Sassa, de Shangaï"
"Tu es devenue comme les Occidentaux : ils perdent leurs bonheurs potentiels ou se créent des malheurs futurs à cause de leur impatience"