Au commencement de septembre, j'avais rejeté tout palliatif, et je m'étais résigné à la routine déprimante mais digne du ministère, de mon club et de mon appartement. Alors ce fut le comble ! Je m'aperçus que ce monde que je trouvais indispensable à mon bonheur pouvait après tout parfaitement se passer de moi.
La lettre, p. 8
Tout à coup, je distinguai des bruits de pas, le clapotement d'un homme marchant dans une flaque d'eau, tout près du yacht. Ceci me réveilla complètement mais je ne pensais même pas à crier : "Est-ce toi Davies ?" car j'eus un éclair de compréhension qui me dit que ce n'était pas lui. On eût dit un homme se faufilant comme un voleur. Bientôt, le bruit de pas se rapprocha ; cette fois-ci, c'était une botte frappant le sable, tout près de l'avant de notre coque. Puis les pas s'éloignèrent dans la direction de l'arrière.
J'ai entendu dire que certains hommes, obligés par leur profession de vivre longtemps dans la solitude la plus complète, se sont imposé l'obligation de se mettre en habit tous les soirs, même parmi des nègres, afin de sauvegarder leur dignité et de prévenir une rechute dans la barbarie. C'est à peu près dans le même ordre d'idées, avec un soupçon de suffisance en plus, que, il y a déjà quelques années, vers sept heures du soir, je m'habillais pour dîner dans ma garçonnière de Pall Mall, le 23 septembre.