" Au milieu du parc la piscine attendait .
Sa surface vernissée s'étalait, si lisse qu'elle semblait une laque nacrée appliquée par de silencieux Chinois sur les dalles d'un palais.
Tou ce qu'il y avait autour , tout ce qui se dressait à la ronde se réfléchissait dans son miroir de sorcière .
Les grands pins parasols s'y miraient tête en bas, devant les répliques diaphanes et inversées des maisons de la résidence ....
Le ciel s'y reflétait aussi , aplati , dénué de nuances , appauvri de sa profondeur, un écran d'azur pris en capture par les pierres de la margelle ...."
Il n'y a pas de cheveu caché sous le papier pour qui ne le cherche pas.
D’après la tradition recueillie dans les textes les plus anciens de l’Inde, Vishnou revenait dans le monde chaque fois que celui-ci était menacé par le chaos et la destruction. Au cours de sa longue geste, il avait adopté de nombreux avatars, mais c’était bien la première fois qu’il se manifestait sous les traits d’une adolescente de quinze ans, en vacances su la Côte-d’Azur.
Les feux du couchant brasillaient sur les vagues et jetaient des éclats cuivrés sur toutes les surfaces polies, métallisées, ou réfléchissantes de la ville qui scintillait comme un diamant.
À l'exception des touristes qui s'obstinaient à s'agglutiner sur une bande de sable aussi fine que la ficelle d'un string, les gens se claquemuraient chez eux, fenêtres fermées, volets clos, devant le ronronnement torpide d'un ventilateur et les images hypnotiques d'un écran de télévision, à regarder les coureurs du Tour de France suer à grosses gouttes sur des routes ardentes.
La taille de ses pieds et de ses mains ainsi que les poils sous ses bras et sur son sexe lui donnaient la vague conscience de n'être plus un enfant, sans lui expliquer toutefois comment devenir un homme.
Agent immobilier depuis ses vingt ans, il chassait les biens d'exception avec la passion d'un Yankee s'offrant des safaris interdits en Afrique pour la volupté féroce d'abattre de beaux spécimens d'espèces protégées.
Elle était incroyablement belle à la lueur de la flamme. Elle avait un visage fin au menton lutin, des lèvres pulpeuses comme des quartiers de pamplemousse, les yeux en amande des bas-reliefs égyptiens. Ses cheveux longs méchés de blond, relevés sur ses tempes dans une coiffure à la fois souple et travaillées, tombaient bas dans son dos, où ils formaient des boucles d'un autre âge. Ses mains fines voletaient devant elle lorsqu'elle parlait. Ses doigts étaient déliés, ses poignets menus. Il se dégageait d'elle un charme insolite, probablement dû au contraste entre sa corpulence frêle d'adolescente de treize ans et tout ce que ses gestes révélaient de son caractère.
Il y avait quelque chose d’irréel dans ce lieu, une somptuosité délibérément fabriquée, une sale intention.
Les jours suivants plongèrent Mélissa dans une confusion sourde, comme si, à la façon d’un voyage mal préparé dans une île tropicale, son emménagement au Clos des Collines l’exposait à une lèpre rampante.