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Critique de OceandreLaRenardouce


Tsomo est une personne qui nous manque lorsque l'on ne la lit plus. On demeure à ses côtés. Même une fois le livre refermé, un coin de notre esprit reste avec elle. Aussi, une irrépressible envie de savoir ce qu'il va arriver, advenir d'elle. Un manque que l'autrice crée en nous avec la magie de ce livre, qui entoure Tsomo, sensible et si proche de nous.

Ce livre de Kunzang Choden est centré sur les traditions bhoutanaises. Ce pays méconnu, où le tourisme est surveillé comme l'huile sur le feu. Et bien nous voici grâce à elle et à sa plume, en voyage en ces terres bouddhistes.

Tout commence dans l'enfance de Tsomo, par le refus de son père, de l'instruire, car elle est une fille. Sa condition de femme et les événements qui en découleront tisseront le fil rouge de ce voyage littéraire. À la mort de sa mère, et suite à la maladie mystérieuse qui l'affecte, se déclenche en elle un besoin impérieux de réaliser un voyage, intérieur comme géographique, commence alors son pèlerinage, notre pèlerinage.

La quête de fond de l'autrice, retracer l'histoire et les traditions du Bhoutan, son pays d'origine. Par l'explicitation d'un concept - le Karma - dont on parle souvent en occident, ce livre permet ici de le nuancer. Car en réalité, le Karma est bien plus complexe et profond que cela…

Un pèlerinage contrasté qui nous permet de découvrir ce pays. Mis en profondeur grâce aux personnages – en majorité – féminins, forts, qui souffrent de la condition qui est la leur – celle du genre féminin. Les hommes sont des lâches, souvent violents… Complices de cette culture qui force au mariage, banalise les viols conjugaux, entre autres tragédies inhérentes au genre de naissance.
Mais parmi cette gente masculine impitoyable, quelque grandes figures donnant la parole et une entière confiance en Tsomo, ce qui lui permet d'éclore au travers d'épreuves douloureuses… Notamment par la résilience, thème lui aussi central dans ces pages. Puis dans une seconde partie, la religion a la part belle dans ce livre intrigant, et c'est par le pèlerinage religieux ou du moins spirituel de Tsomo que l'on vogue ensuite sur la question de la sororité, de l'acceptation.

En effet, les enjeux sont grands, car sans cette sororité et cette résilience, comment faire bouger les lignes ? L'émancipation par le savoir est-elle possible ? Comment atteindre et pratique la résilience et le pardon après la tromperie et la trahison ? Comment dépasser les dictats sociaux et religieux lorsque l'on est femme ?

L'on apprécie les strates symboliques cousues par l'autrice. le livre narre un pèlerinage spirituel, ce voyage et cette maturation de l'esprit humain par les épreuves de la vie et les années. À vrai dire, ce livre est un pèlerinage à part entière, et c'est cette mise en abîme qui saisit le lecteur. C'est grâce à tout cela que le livre est une merveille, capable de nous faire voyager comme peu d'autres. Par ce style d'écriture qui est particulier en étant accessible, au rythme soutenu, tout en s'arrêtant sur les détails cruciaux. Les scènes descriptives immersives, permettent de saisir les moindres subtilités de ce pays et de sa culture méconnue. Humoristique par moments et d'une sincérité franche, c'est un livre désarçonnant.

Construit par chapitres thématiques, le récit reste chronologique dans les grandes lignes, avec des retours dans le passé qui permettent de relier les éléments passés pour mieux comprendre une situation présente ou le thème exploré dans le dit chapitre.

Et une fois la dernière page tournée, on ressent une sorte d'apaisement, sentiment qui est parfaitement cohérent et le bienvenu après les péripéties de ce livre magiquement réel.
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