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Critique de ODP31


J'ai défloré l'année 2021 avec les Liaisons dangereuses. On se réchauffe comme on peut.
L'année risquant d'être plus pandémique qu'érotique, j'ai ouvert le courrier du Vicomte de Valmont et de la marquise de Merteuil. Je sais, ça ne se fait pas mais bon sang, cela change des factures et des publicités pour les bûches de Noel. Avec de telles correspondances, la Poste pourrait relancer la vente de ses carnets de timbres.
Par la grâce des films tirés de cette oeuvre de Chaud Chaud Choderlos de Laclos, inutile de trop déniaiser l'histoire, tout le monde la connaît.
L'action se situe dans les alcôves des cercles aristocratiques ; elle est centrée sur Valmont, un impitoyable et irrésistible libertin, et sur la venimeuse Merteuil, rivale, ex amante, qui fait bonne figure en société mais profite de son veuvage pour balayer tous les tabous devant la porte de sa chambre. Les deux âmes damnées ont passé un pacte marqué par le sceau du vice qui fait la chasse à cour à la vertu.
Valmont est fortuné et occupe son temps libre en séduisant des femmes naïves et innocentes de la bonne société. Parmi elles, la jeune Cécile et la dévote Présidente de Tourvel dont il est épris. Il ne jouit que de sa mauvaise réputation.
Coquin et Coquine, par jalousie et pour surpasser l'autre, se lancent des défis que la morale réprouve, trahissant, mentant, manipulant, jouant avec les sentiments comme d'autres jouent aux dés. C'est jubilatoire.
Cruauté exquise servie un style raffiné, une langue aussi mauvaise que magnifique au service du mauvais esprit, on finit par détester les malheureuses victimes pour leur naïveté et l'auteur fait du lecteur le complice voyeur des turpitudes des deux manipulateurs.
La construction épistolaire est millimétrée, l'histoire avançant au fil des correspondances, sans redite ni ennui. La conquête amoureuse est décrite comme une conquête militaire, faite de stratégie, de parades, d'engagements farouches. Pas de quartiers… sauf de noblesse. Garde à vous.
Dans ce brâme précieux, nul ne couche le premier soir. On laisse Tinder aux vulgaires. On biffe le kiffe. Une lettre sépare campagne de compagne mais il faut faire le tour de l'alphabet pour passer de l'une à l'autre.
L'épistolaire au pistolet. Ecrit par un militaire titillé par sa plume, qui s'ennuyait ferme dans sa garnison et dont ce fut le seul roman, les liaisons, dangereuses par définition, est un classique qui prend son lecteur en otage.
Point de crudités dans le menu, laissons la salade aux lapins empressés, le roman est plus machiavélique que libertin. Valmont est trop douillet pour se frotter au sadisme. Il partage davantage avec la Marquise le goût de la conquête que celui de la victoire, car elle précède chez eux le désintérêt et la lassitude. Don Juan a fait des émules.
Pour la petite histoire, Choderlos de Laclos échappât de très peu à la guillotine lors de la révolution et mourut général. La chance de la canaille.
Roucoulez mes bons amis devant ce chef d'oeuvre de perfidie.
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