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Citations sur Beauté fatale (192)

La peur de ne pas plaire, de ne pas correspondre aux attentes, la soumission aux jugements extérieurs, la certitude de ne jamais être assez bien pour mériter l’amour et l’attention des autres traduisent et amplifient tout à la fois une insécurité psychique et une autodévalorisation qui étendent leurs effets à tous les domaines de la vie des femmes. Elles les amènent à tout accepter de leur entourage ; à faire passer leur propre bien-être, leurs intérêts, leur ressenti, après ceux des autres ; à toujours se sentir coupables de quelque chose ; à s’adapter à tout prix, au lieu de fixer leurs propres règles ; à ne pas savoir exister autrement que par la séduction, se condamnant ainsi à un état de subordination permanente ; à se mettre au service de figures masculines admirées, au lieu de poursuivre leurs propres buts. Ainsi, la question du corps pourrait bien constituer un levier essentiel, la clé d’une avancée des droits des femmes sur tous les autres plans, de la lutte contre les violences conjugales à celle contre les inégalités au travail en passant par la défense des droits reproductifs.
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Non, décidément, ‘il n’y a de mal à vouloir être belle’. Mais il serait peut-être temps de reconnaître qu’il n’y a aucun mal non plus à vouloir être.
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Naomi Wolf n’a sans doute pas tort de voir dans l’inhibition d’un nombre croissant de jeunes femmes envers la nourriture l’une des causes du déclin du féminisme : comment apprendre à se connaître, comparer ses expériences –et pas seulement ses mensurations-, tisser des liens de solidarité, lorsqu’on ne peut même pas s’asseoir une heure à la même table ?
« Il n’y avait que moi dans ma vie », dit Portia de Rossi à propos de sa période anorexique, en reconnaissant que cela faisait partie du problème. L’obsession de la minceur a pour effet de retrancher du monde celle qui en est la proie. De tous les moyens mis en œuvre pour faire des femmes de petites choses chétives, juvéniles et inoffensives, elle est la plus envahissante, la plus efficace : non seulement elle vise directement la place qu’elles occupent, au propre comme au figuré, mais elle implique une discipline quotidienne, permanente –alors qu’il y a toujours un délai entre deux opérations de chirurgie esthétique, comme entre deux séances de Botox ou d’épilation.
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Impossible de ne pas le constater : ceux qui se sont faits ces dernières années les preux défenseurs des musulmanes opprimées et les contempteurs du « puritanisme américain », à commencer par Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut et Bernard Henry-Lévy, sont aussi ceux qui se sont distingués par leur comportement grossièrement misogyne. Ce qu’ils célèbrent à travers les « rapports de séduction à la française », c’est le modèle rêvé –pour eux- de la femme qui ne la ramène pas, de la jolie chose décorative qui flatte leur mégalomanie et ne menace pas le monopole masculin de la péroraison, de la logorrhée permanente.
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Rappelons d’abord que les jupes, talons hauts, collants fragiles, bijoux encombrants, lingerie fine, sacs à main et autres accessoires censés être consubstantiels à la féminité ne vont pas de soi. Certaines peuvent préférer une tenue plus pratique, qui leur permette de courir, de travailler en étant libres de leurs mouvements, de bricoler. Elles peuvent aussi avoir envie d’établir leurs relations avec les hommes sur une base qui marque moins la différence des sexes. C’est à chacune d’arbitrer l’importance qu’elle veut accorder respectivement à son confort, à sa capacité d’agir, et à la recherche ou la séduction de sa tenue. Par ailleurs, le choix de ne pas trop s’exposer, de ne pas porter de vêtements trop moulants, ne relève pas forcément d’une dangereuse déviance ou d’un blocage qu’il s’agirait de pulvériser toutes affaires cessantes : il peut aussi traduire un réflexe légitime d’autoprotection, de quant-à-soi. C’est particulièrement vrai pour les adolescentes, qui ne sont pas toujours à l’aise avec leur corps de femme tout neuf et qui passent leurs journées dans une promiscuité scolaire pesante, à un âge où, dans quelque milieu que ce soit, les commentaires se distinguent rarement par leur intelligence et leur bienveillance. On peut mettre du temps à apprivoiser la féminité ; on peut aussi ne jamais y venir, et ne pas s’en porter plus mal.
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Il y a une différence essentielle entre la démarche qui consiste, pour une femme, à user de divers procédés pour se faire belle et séduisante, sans pour autant résumer son identité à cela, et l’imposition systématique d’attributs destinés à marquer le féminin comme une catégorie particulière, cantonnée à une série limitée de rôles sociaux. Se conformer à ce systématisme revient même à manifester un manque de confiance dans sa valeur propre et dans ses capacités de séduction, lesquelles se passent souvent très bien de cette débauche d’artifices.
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Ce n’est pas seulement la diversité des couleurs de peau qui manque dans notre environnement culturel : ce sont aussi, tout simplement, les représentations de manières diverses d’être une femme. On retrouve ici le mensonge de la « liberté de choix » tant vantée (voir chapitre 5) : le discours de la publicité et de la presse féminine – y compris celle destinée aux adolescentes – pratique cette injonction paradoxale bien connue qui exige des lectrices qu’elles soient « elles-mêmes », qu’elles « trouvent leur propre style », tout en leur donnant le choix entre un éventail très restreint de panoplies, voire en multipliant les prescriptions autoritaires et extrêmement précises. Sur nos murs, sur nos écrans, dans les pages des magazines, un seul type de femme s’impose donc : le plus souvent blanche, certes, mais aussi jeune, mince, sexy, apprêtée. Ce modèle est-il aussi enviable que le prétendent ses promoteurs ?
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Être allongée dans son lit la nuit devient une torture : elle est hantée par la vision du gras en train de s’installer. Au petit matin, à peine consciente, elle compte les calories assimilées et dépensées la veille, et remue ses pieds pour recommencer à en brûler avant même d’être levée. Un jour où elle sanglote de désespoir après s’être laissée aller à consommer six portions de yaourt d’un coup, elle se surprend à se demander combien de calories elle brûle en sanglotant.
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De même, les magazines travaillent avec constance à modeler les comportements féminins sur les desiderata supposés de la gent masculine, à travers d’innombrables articles sur ce que les hommes pensent, aiment, détestent, sur ce qui les rend fous, sur ce qui les dégoûte irrémédiablement, etc. Ainsi, dans leur analyse de la presse pour préadolescentes, Pierrette Bouchard, Natasha Bouchard et Isabelle Boily décortiquent un article du magazine québécois Cool ! intitulé « 10 choses que les gars aimeraient nous faire comprendre » et destiné aux gamines vivant leurs premières relations amoureuses. Les filles y sont montrées – et donc construites – comme des créatures « excitées et écervelées, contrôleuses, malhonnêtes, colériques et jalouses, manipulatrices et, enfin, infantilisantes », tandis que les garçons sont « des êtres libres, totalement indépendants, qui se gardent des espaces à eux à l’abri des filles et qui ont le pouvoir de mettre à distance et de mettre fin à la relation ». Aux premières, le magazine enjoint « de se taire et de ne pas poser trop de questions, car “les filles parlent beaucoup, un peu trop pour les gars” ». Trop parler nuit également à l’indispensable part de « mystère » qu’elles se doivent de conserver ; une obligation qui, par une heureuse coïncidence, recoupe l’essentiel de ce que l’on attend d’elles : qu’elles restent à leur place.
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Aux critiques, les journalistes de la presse féminine ont coutume de rétorquer que « les lectrices ne sont pas idiotes » et qu’elles savent très bien faire la part des choses. Or l’intelligence n’a rien à faire dans la réception de ces discours, dont le propre est justement de la mettre en échec, de la contourner. Ils ont inévitablement un effet, car ils jouent sur des craintes et des failles très intimes, qu’ils ne cessent de titiller, d’entretenir : la peur de ne pas ou de ne plus être aimée, la peur d’être rejetée, la peur de vieillir dans une société qui semble ne concevoir les femmes que jeunes…
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