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Citations sur Palestine (59)

En 1984, dans la foulée de la première invasion du Liban par Israël,
Edward Saïd a publié un article intitulé «Permission to Narrate»
(permission de raconter), dans lequel il invitait les Palestiniens à intégrer
leur histoire à leur lutte. Le déséquilibre du pouvoir politique, économique
et militaire ne signifie pas que les opprimés n’ont pas la possibilité de lutter
pour la production du savoir, affirmait-il. Qu’ils aient donné suite à l’appel
de Saïd ou l’aient envisagé par eux-mêmes, des historiens de Palestine et
d’autres pays ont relevé le défi. C’est ainsi que l’historiographie
palestinienne et la «nouvelle histoire» israélienne sont parvenues à réfuter
certaines des prétentions les plus absurdes d’Israël relativement aux
événements de 1948 et, dans une moindre mesure, l’idée voulant que
l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) soit une entité purement
terroriste.
Ce renouveau historiographique, et le redressement de la mémoire
qu’il a rendu possible, semblent toutefois n’avoir eu aucune incidence sur le
processus de paix, qui n’a jamais tenu compte de 1948. L’absence de récit
et de réflexion historique sur ce que l’on considère aujourd’hui comme un
processus de paix semble bien servir les élites politiques du moment, quel
que soit leur camp, partout dans le monde. Personne ne semble vouloir
transformer un discours hégémonique qui paraît acceptable précisément
parce qu’il ne prône pas de changements importants sur le terrain.
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À l’instar d’autres États, Israël invoque la «sécurité» pour justifier ses
agressions et sa violence. Mais les Israéliens bien informés sont mieux
avisés. Leur interprétation de la réalité a été bien exprimée en 1972 par le
commandant de l’armée de l’air Ezer Weizman, qui deviendra plus tard
président: Israël n’aurait pas de problème de sécurité s’il se conformait aux
injonctions internationales qui lui ordonnent de se retirer des territoires
conquis en 1967, mais, ce faisant, l’État ne pourrait «exister à l’échelle,
dans l’esprit et avec la qualité qu’il incarne désormais».
Pendant un siècle, la colonisation sioniste de la Palestine a reposé sur
une politique pragmatique du fait accompli, appliquée avec discrétion, que
le monde a fini par accepter. Cette stratégie a connu un franc succès. Tout
indique qu’elle sera maintenue tant que les États-Unis accorderont à Israël
leur indispensable soutien militaire, économique, diplomatique et
idéologique. C’est pourquoi quiconque se soucie des droits des Palestiniens
maltraités devrait avoir pour priorité absolue d’amener Washington à
réorienter sa politique israélienne. Un tel rêve n’a rien d’une chimère.
[livre publié en 2016]
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SELON UNE CÉLÈBRE MAXIME JUIVE, on devrait chercher sa clé perdue à
l’endroit où on l’a égarée, et non là où il y a de la lumière. À bien des
égards, le prétendu processus de paix en Palestine, fondé sur le concept de
solution à deux États, a toujours été une quête futile, menée à la lueur d’un
puissant lampadaire situé très loin de la clé perdue.
La réunion sous le lampadaire des dirigeants du monde, des
médiateurs, des sionistes progressistes, des Palestiniens soi-disant modérés
et de certains des meilleurs amis occidentaux de la Palestine a été motivée
par une mésinterprétation, partagée, du conflit israélo-palestinien, envisagé
comme s’il mettait aux prises deux mouvements nationaux. De cette
perspective ont émergé deux autres idées fausses, selon lesquelles le conflit
a débuté autour de 1967 avec l’occupation israélienne de la Cisjordanie et
de la bande de Gaza, et ces deux régions sont plus «palestiniennes» par leur
nature et leur histoire que le reste de la Palestine. Loin du lampadaire se
cachent des vérités qui semblent déranger non seulement les sionistes, mais
aussi quiconque craint de tenir tête à Israël. Là, dans l’obscurité, réside la
seule interprétation juste du conflit: une lutte opposant depuis la fin du
XIXe siècle un mouvement colonialiste de peuplement et une population
autochtone.
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L’Afrique du Sud a elle aussi connu un sort comparable. En 1958, son
ministre des Affaires étrangères déclarait à l’ambassadeur des États-Unis
que, même si son pays commençait à être considéré comme un État voyou,
cela resterait sans conséquence tant que Washington continuerait de le
soutenir. Il voyait juste. Trente ans plus tard, l’apartheid n’avait plus d’autre
appui digne de ce nom que celui de l’administration Reagan. Au bout de
quelques années, les États-Unis ont fini par se joindre au concert des
nations, et le régime s’est effondré. (Mais pas pour cette unique raison, bien
sûr; pensons au rôle essentiel de Cuba dans la libération de l’Angola,
généralement ignoré des Occidentaux, mais pas des Africains.)
En 1971, Israël a pris la décision fatidique d’accorder préséance à
l’expansion sur la sécurité en rejetant le traité de paix en bonne et due
forme que lui proposait l’Égypte en échange de l’évacuation du Sinaï
occupé, alors qu’il se lançait dans la colonisation et le développement à
grande échelle. Si ses dirigeants ont pu maintenir cette politique depuis ce
temps, c’est essentiellement parce qu’ils évaluent la situation comme le
faisait l’Afrique du Sud en 1958.
Dans le cas d’Israël, un ralliement des États-Unis au consensus
international aurait des conséquences beaucoup plus importantes. C›est
ainsi que se jouent les rapports de pouvoir, comme on a pu le constater à
maintes reprises lorsque Washington a exigé d’Israël qu’il abandonne de
précieux objectifs. En outre, parce qu’il a adopté des politiques qui l’ont fait
passer de pays admiré de tous à objet de crainte et de mépris – politiques
qu’il s’acharne à maintenir aveuglément dans sa marche résolue vers la
dégénérescence morale et, éventuellement, l’autodestruction –, Israël
dispose maintenant de peu de recours.
La politique israélienne des États-Unis pourrait-elle changer? Ce n’est
pas impossible. L’opinion publique a considérablement évolué ces dernières
années, en particulier chez les jeunes, et ne peut être complètement ignorée.
Depuis quelques années, le public dispose d’une base juridique solide
pour presser Washington de respecter ses propres lois et de réduire son aide
militaire à Israël. «Aucune assistance en matière de sécurité ne devrait être
apportée à un État dont le gouvernement se livre systématiquement à des
violations flagrantes de droits de la personne reconnus par les institutions
internationales», stipule la loi. Israël est assurément coupable de telles
violations, et ce, depuis de nombreuses années.
L’auteur de cette disposition, le sénateur du Vermont Patrick Leahy, a
indiqué qu’on pourrait l’appliquer à Israël dans certains cas précis. Avec
une campagne d’information bien orchestrée, des militants pourraient
mener à bien une telle contestation judiciaire.
Celle-ci pourrait avoir un impact considérable et offrir un tremplin à
d’autres actions visant à contraindre Washington à se joindre à la
«communauté internationale» et à respecter le droit international.
Nul gain ne pourrait être plus tangible pour les victimes palestiniennes
de la violence et de la répression.
[Livre publié en 2016]
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L’Afrique du Sud a elle aussi connu un sort comparable. En 1958, son
ministre des Affaires étrangères déclarait à l’ambassadeur des États-Unis
que, même si son pays commençait à être considéré comme un État voyou,
cela resterait sans conséquence tant que Washington continuerait de le
soutenir. Il voyait juste. Trente ans plus tard, l’apartheid n’avait plus d’autre
appui digne de ce nom que celui de l’administration Reagan. Au bout de
quelques années, les États-Unis ont fini par se joindre au concert des
nations, et le régime s’est effondré. (Mais pas pour cette unique raison, bien
sûr; pensons au rôle essentiel de Cuba dans la libération de l’Angola,
généralement ignoré des Occidentaux, mais pas des Africains.)
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En date du 31 juillet [2014], 1400 Palestiniens ont été tués, des civils pour la
plupart, dont des centaines de femmes et d’enfants, ainsi que trois civils
israéliens. De vastes zones de Gaza ne sont plus que monceaux de gravats.
Pendant les brèves pauses entre les bombardements, des familles
recherchent désespérément les corps de leurs proches et leurs biens dans les
ruines. Israël a bombardé quatre hôpitaux, commettant ainsi quatre autres
crimes de guerre, et s’en est pris à la principale centrale électrique,
interrompant ainsi largement un courant déjà rare et, plus grave encore,
limitant l’accès, déjà restreint, à l’eau potable. Encore un crime de guerre.
Pendant ce temps, les équipes de secouristes et les ambulances subissent
des attaques régulières. Des atrocités sont commises dans toute la bande de
Gaza, alors qu’Israël prétend que son objectif consiste à détruire les tunnels
frontaliers.
Les responsables israéliens vantent l’humanité de ce qu’ils qualifient
d’«armée la plus morale du monde», sans doute parce qu’elle prévient les
habitants du bombardement imminent de leur maison. La méthode relève
d’un «sadisme complaisamment déguisé en clémence», pour reprendre les
mots de la journaliste israélienne Amira Hass. «Un message enregistré
presse des centaines de milliers de personnes de quitter leurs maisons
ciblées et de gagner un endroit tout aussi dangereux, à 10 kilomètres de là.»
En fait, aucun secteur de Gaza n’est à l’abri du sadisme israélien. La
campagne actuelle pourrait même faire plus de victimes que la terrible
opération Plomb durci de 2008-2009.
Devant ces horribles révélations, le président le plus moral du monde,
Barack Obama, a réagi comme d’habitude en exprimant sa profonde
sympathie pour Israël, en condamnant fermement le Hamas et en appelant
les deux camps à la modération.
[Livre publié en 2016]
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Selon la version officielle des événements, Israël a gracieusement cédé
Gaza aux Palestiniens dans l’espoir de les voir y bâtir un État prospère,
mais ceux-ci ont montré leur vraie nature en attaquant inlassablement leur
voisin à la roquette et en forçant les habitants captifs à devenir des martyrs,
ce qui a donné une mauvaise image d’Israël, qui n’a pas su anticiper ce
scénario. La réalité est tout autre.
En janvier 2006, les Palestiniens ont commis un crime grave: lors
d’élections étroitement surveillées, ils ont voté pour le mauvais parti en
confiant leur Parlement au Hamas. Les médias ne cessent de matraquer que
le Hamas est voué à la destruction d’Israël. En réalité, les dirigeants du
mouvement ont précisé à maintes reprises qu’ils accepteraient une solution
à deux États, conformément au consensus international dont les États-Unis
et Israël font fi depuis plus de 40 ans. Israël, en revanche, est bel et bien
voué à la destruction de la Palestine; malgré d’occasionnelles déclarations
d’ailleurs sans conséquence, il applique ce programme avec détermination.
Il est vrai qu’Israël a accepté la feuille de route pour une solution à
deux États proposée par le président Bush et adoptée par le Quartette chargé
de sa supervision (le Quartette comprend les États-Unis, l’Union
européenne, les Nations unies et la Russie). Mais le premier ministre
Sharon s’est empressé d’y ajouter 14 réserves qui, dans les faits, l’ont
invalidée. Connus des militants, ces faits ont été révélés au grand public par
Jimmy Carter dans un livre intitulé Palestine. La paix, pas l’apartheid31.
Les médias persistent cependant à les taire.
En 1999, le programme (non révisé) du parti au pouvoir, le Likoud de
Benjamin Netanyahou, rejetait «catégoriquement la création d’un État
palestinien arabe à l’ouest du fleuve Jourdain». Et, pour les obsédés des
statuts accessoires, la principale composante du Likoud, le Hérout de
Menahem Begin, n’a jamais renoncé à sa doctrine fondatrice voulant que
les terres situées de part et d’autre du Jourdain fassent partie d’Israël.
Les Palestiniens ont vite été punis pour leur crime de 2006. Les États-
Unis et Israël, suivis par une Europe qui traînait honteusement de la patte,
ont imposé de dures sanctions à ce peuple de délinquants, et la violence
israélienne a monté d’un cran. Washington et son allié se sont empressés de
planifier un coup d’État militaire contre le gouvernement élu. Quand le
Hamas a commis l’effronterie de contrecarrer ce dessein, Israël a redoublé
d’ardeur dans ses assauts.
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Weissglass a commenté le transfert des colons juifs de Gaza vers les
autres territoires occupés comme suit: «Avec les Américains, nous avons
convenu d’ignorer complètement [la question des principales colonies de
Cisjordanie], et d’ignorer le reste jusqu’à ce que les Palestiniens deviennent
des Finlandais» – mais des Finlandais bien particuliers, qui accepteraient la
domination d’une puissance étrangère. «L’important, c’est de bloquer le
processus politique, a-t-il poursuivi. Ce faisant, on empêche la mise en
place d’un État palestinien et on évite un débat sur les réfugiés, les
frontières et Jérusalem. Effectivement, cette formule qu’on appelle État
palestinien, avec tout ce qu’elle implique, a été retirée pour de bon de notre
ordre du jour. Le tout sous l’autorité et avec la permission [du président
George W. Bush], et avec l’approbation des deux chambres du Congrès.»
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La normale de Gaza a été décrite en détail par le courageux chirurgien-
traumatologue norvégien Mads Gilbert, qui travaillait dans le principal
hôpital de la ville alors qu’Israël commettait ses crimes les plus odieux, et
qui y est retourné dans le cadre du massacre actuel. En juin 2014, il a
déposé un rapport sur le secteur de la santé de Gaza à l’Office de secours et
de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-
Orient (UNRWA), qui, avec très peu de moyens, tente désespérément
d’aider les réfugiés palestiniens.
«Au moins 57% des ménages gazaouis vivent dans l’insécurité
alimentaire, et 80% d’entre eux reçoivent de l’aide», rapporte Gilbert. «En
raison de l’insécurité alimentaire et de l’appauvrissement, l’apport calorique
quotidien de la plupart des habitants est insuffisant», un problème aggravé
par les attaques répétées des forces israéliennes contre les réseaux
d’approvisionnement en eau et d’évacuation des eaux usées. Par
conséquent, 1,2 million de personnes se voient privées de ressources
essentielles.
L’avocat des droits de la personne Raji Sourani a subi la violence et la
terreur israéliennes pendant des années à Gaza. Il a commenté l’agression
dans une interview: «Quand on a commencé à parler d’un cessez-le-feu,
tout le monde disait qu’il serait préférable pour nous de mourir plutôt que
de retourner à la situation d’avant la guerre. Nous ne voulons pas revivre
cela. Nous n’avons aucune dignité, aucune fierté. Nous sommes des proies
faciles, nous ne valons pas cher. Si la situation ne s’améliore pas réellement,
mieux vaut mourir, tout simplement. Intellectuels, professeurs, gens
ordinaires… Tout le monde le dit.»
L’histoire ne manque pas d’épisodes où des gens se sont dit qu’il valait
mieux mourir debout que de vivre à genoux.
[Ce livre date de 2016. L'horreur en Palestine ne date pas d'hier.]
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Depuis 1994, soit bien avant l’arrivée au pouvoir du Hamas dans la
bande de Gaza, la situation géopolitique particulière de l’enclave fait en
sorte que toute action punitive collective, telle celle de 2014, ne peut être
que tuerie et destruction à grande échelle – bref, un génocide permanent.
Sachant cela, les généraux n’ont jamais éprouvé le moindre scrupule à
bombarder les Gazaouis depuis les airs, la mer ou le sol. La réduction du
nombre de Palestiniens sur l’ensemble du territoire de la Palestine
historique fait toujours partie du projet sioniste. C’est à Gaza que sa mise en
œuvre prend sa forme la plus inhumaine.
Comme ce fut le cas lors des épisodes précédents, le moment choisi
pour la vague génocidaire de 2014 obéit aussi à d’autres considérations.
L’agitation sociale qui a secoué Israël en 2011 couve encore; des citoyens
réclamaient une diminution des dépenses militaires et une réaffectation
d’une partie du budget colossal de la «défense» aux services sociaux.
L’armée a qualifié une telle éventualité de suicidaire. Et rien ne vaut une
opération militaire pour faire taire les voix qui appellent un gouvernement à
réduire ses dépenses militaires.
La campagne de 2014 présente aussi des traits caractéristiques des
phases précédentes de ce génocide progressif. Cette fois encore, le bien-
fondé du massacre de civils dans la bande de Gaza fait consensus chez les
juifs israéliens, et la dissidence est rarissime. À Tel-Aviv, les quelques
personnes qui ont osé manifester leur désaccord se sont fait passer à tabac
par des voyous juifs sous l’œil indifférent de la police.
Comme toujours, le monde universitaire prend part à la manœuvre. Le
Centre interdisciplinaire de Herzliya, une prestigieuse université privée, a
établi un «quartier général civil» où les étudiants sont invités à devenir les
porte-voix d’une campagne de propagande à l’étranger. Plusieurs
universités ont proposé à l’État de mobiliser leurs étudiants en vue de faire
entendre le discours israélien dans le cyberespace et les médias alternatifs.
Les médias israéliens se sont aussi alignés avec loyauté sur le discours
du gouvernement. Ils n’ont publié aucune photo de la catastrophe humaine
provoquée par Israël et ont indiqué à leur public que, cette fois, «le monde
nous comprend et nous appuie». Cette affirmation contient un fond de vérité
dans la mesure où les élites occidentales persistent à assurer l’immunité à
l’État juif. Récemment, des gouvernements occidentaux ont demandé au
procureur de la Cour pénale internationale de La Haye de ne pas se pencher
sur les crimes commis par Israël à Gaza. De nombreux médias occidentaux,
dont la presse française (en particulier France 24) et la BBC, qui s’entêtent
à relayer la propagande israélienne, leur ont emboîté le pas en justifiant
l’essentiel des actions israéliennes. Cela n’a rien de surprenant, dans la
mesure où le lobby pro-israélien travaille sans relâche à plaider la cause
d’Israël en France et dans le reste de l’Europe, comme il le fait aux États-
Unis.
Cette couverture tendancieuse est également nourrie par le fait que les
journalistes occidentaux ont l’impression que la situation qui a cours à Gaza
n’est pas aussi grave que celle de l’Irak et de la Syrie. De telles
comparaisons sont généralement établies sans perspective historique. Un
regard sur la longue histoire des Palestiniens permettrait de mieux comparer
leurs souffrances aux carnages perpétrés ailleurs.
Toutefois, pour bien comprendre le massacre de Gaza, une perspective
historique ne suffit pas. On doit aussi adopter une approche dialectique pour
mettre en évidence les liens entre l’immunité accordée à Israël et les
horreurs qui ont cours ailleurs dans le monde. L’Irak et la Syrie sont le
théâtre d’une déshumanisation terrifiante, à grande échelle. Mais il existe
une différence déterminante entre la violence qui frappe ces pays et celle
qui sévit en Palestine: les crimes commis en Irak et en Syrie sont
condamnés pour leur barbarie, tandis que ceux de l’État juif sont autorisés
et approuvés par le président des États-Unis, les dirigeants de l’Union
européenne et les autres amis d’Israël.
Qu’il s’agisse de brûler vifs de jeunes Palestiniens de Jérusalem, d’en
abattre deux autres par pur plaisir à Beitunia ou de supprimer des familles
entières à Gaza, de tels actes ne peuvent être commis que si la victime a été
préalablement déshumanisée. La seule chance de réussite d’une lutte contre
le sionisme en Palestine repose sur une défense des droits de la personne et
des droits civils qui ne hiérarchise pas les violations et qui établit clairement
qui sont les victimes et leurs bourreaux.
Les Israéliens qui s’acharnent contre le peuple palestinien devraient
être jugés au nom des mêmes critères moraux et éthiques que les gens qui,
dans le monde arabe, commettent des atrocités à l’encontre de minorités ou
de collectivités sans défense. Ce sont tous des criminels de guerre, bien que,
dans le cas des Israéliens, ils soient actifs depuis plus longtemps que
quiconque. L’identité religieuse des bourreaux n’a guère d’importance, tout
comme la religion au nom de laquelle ils prétendent agir. Qu’ils se disent
djihadistes, juifs ou sionistes, on devrait les traiter de la même façon.
S’il cessait d’appliquer un double standard dans ses rapports avec
Israël, le monde pourrait réagir de façon beaucoup plus efficace aux crimes
de guerre commis ailleurs.
La fin du génocide progressif à Gaza et la restitution de leurs droits
fondamentaux, y compris le droit au retour, à tous les Palestiniens sont les
seuls facteurs qui permettront d’ouvrir une nouvelle perspective
d’intervention internationale fructueuse dans un Moyen-Orient considéré
comme un tout.
[Livre publié en 2016. En 2024 le génocide n'est plus progressif.]
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