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Critique de Gwen21


Sacrée Reine du Crime ! Si Agatha Christie a l'habitude de surprendre et de déstabiliser son lecteur, c'est encore plus vrai dans "La mort n'est pas une fin" !

Quittons la campagne anglaise et ses maisons à l'architecture compliquée et aux bibliothèques pleines de chandeliers, coupe-papiers, tisonniers, cale-livres et autres objets pouvant parfaitement convenir au rôle d'arme du crime et transportons-nous dans une toute autre ambiance, très éloignée de l'habituel Cluedo "christinien". Plongeons, à la suite de l'auteur, dans la lointaine Antiquité, sur les bords du Nil...

Je m'attendais plus ou moins à un bis de l'excellent "Mort sur le Nil" et quelle ne fut pas ma surprise de ce bond dans le passé de plus de 4 000 ans ! L'auteur manifeste ainsi son intérêt réel pour l'archéologie et l'égyptologie mais, à ma grande déconvenue, elle semble avoir été plus soucieuse de se faire plaisir que de faire plaisir à ses lecteurs.

Je m'explique. le grand paradoxe de cette intrigue policière réside dans le fait qu'Agatha Christie, bien que choisissant de la situer dans un contexte original et nouveau, est incapable d'en faire un roman historique. Vous me direz avec raison que ce n'est pas son rôle, c'est la reine du polar, pas la soeur de Christian Jacq ou la cousine de Guy Rachet. Vrai. A tel point que selon moi c'est presque du gâchis ! Agatha Christie aurait aussi bien pu situer son intrigue policière dans n'importe quel autre contexte, sur Mars, en Australie, au fond de la forêt amazonienne ou à Paris, à la Préhistoire, pendant la Révolution française ou les croisades, ça aurait été du pareil au même.

Ma curiosité, émoustillée au début de ma lecture par les rares descriptions des champs de lin, des embarcations remontant le Nil et par l'évocation de la puissante Thèbes, a rapidement été déconfite par le manque de précisions autour des moeurs, de la vie quotidienne ou des particularités des Egyptiens de cette lointaine époque qui, pourtant, n'a pas sa pareille pour éveiller les fantasmes du lecteur, la passion de l'historien ou l'intérêt du néophyte.

Du coup, j'ai vraiment eu l'impression d'assister finalement à une intrigue "à la Cluedo" habituelle avec des personnages anglais déguisés en Egyptiens, impression très bizarre... Ce n'est certes pas grâce à l'auteur mais bien grâce à ma propre imagination que j'ai réussi à me représenter tant soit peu les vêtements, la vaisselle, les habitations, les paysages, les coiffures, les bijoux, les codes de conduite, les croyances et tout ce qui a servi d'écrin à l'histoire d'Imhotep et ses enfants, pris dans une tourmente meurtrière non dénuée de suspense. Et pourtant, tournant les pages, j'attendais avec espoir ne serait-ce qu'un unique paragraphe me décrivant la fertile vallée du dieu-fleuve, ses cultures, sa chaleur, les clameurs des esclaves aux champs, le clapotis des eaux prisonnières du système d'irrigation, toutes ces réminiscences d'un monde sophistiqué, civilisé et depuis longtemps oublié... A peine ai-je eu droit à quelques lignes sur la pluralité des divinités et sur les rites funéraires... trop maigre consolation.

Assez dépitée, j'ai quand même suivi avec attention le déroulé de l'intrigue où se retrouve la patte d'Agatha Christie, toujours savoureuse. Néanmoins, c'est presque avec un sentiment de déception que je suis parvenue au point final de l'oeuvre, gardant en moi ce goût de "trop peu", cette espèce de spleen du lecteur pour tout ce qu'il me semble avoir raté et qui aurait pu rendre cette histoire vraiment inoubliable, ce qui, présentement, n'est absolument pas le cas.


Challenge AGATHA CHRISTIE
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