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Critique de SerialLecteurNyctalope


NE JAMAIS OUBLIER
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🦊 « Lorsqu'on dépasse un certain seuil dans l'intolérable, le langage et le réel s'effondrent ensemble ». Il ne s'agit pas d'un énième livre de témoignage d'une survivante. Aucun langage ne pourra en effet nommer ce qu'il s'est passé. Francine Christophe (et Pierre Marlière) se remémore avec un sens du détail profond. Contrairement à Ginette Kolinka (que j'aime tant) qui avouait avoir certaines failles dans ses souvenirs, ici, tout est limpide, les odeurs, les émotions, le contour des Hommes. le récit s'éveille dans l'horreur où lors de chaque événement nous nous interrogeons sur la bestialité de notre monde. La crainte d'une répétition est toujours là, comme une épée de Damoclès elle rode. Les tueries en Birmanie, le genocide rwandais, le massacre des ouïgours, le Biafra, l'Indonésie, le Bangladesh, le Cambodge, l'Argentine...stop. Pour leur couleur de peau, leur religion, leur visage. Massacrés au nom d'une idéologie que l'on doit nommer•••
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🦊 La mémoire ne s'altère que très peu pour Francine, le TGV ne peut qu'être un moment douloureux même soixante après. La crainte pour celle qui voyait des hommes assoiffés et entassés se lécher le dos des uns et des autres pour survivre. Après le camp de Poitiers, direction celui de Drancy qui cachait si bien l'horreur en son sein pour tromper l'ennemi. Puis Pithiviers où le regard des policiers demeure indifférent, devant les individus qu'on pousse à s'entasser dans les trains. En effet « Hitler n'a pas inventé l'antisémitisme, il lui en a donné une forme monstrueuse ». Être une cible mouvante, être nommée et pointée du doigt ne serait-ce que par son appartenance religieuse, devient le point d'ancrage de ce texte. JuiF. Ce « f » final qui agresse, qui sonne comme une injonction, ce « f » final qui ponctue de manière sèche une phrase et laisse transparaître un qualificatif négatif. Et puis le camp de Beaune-la-Rolande vient offrir une étincelle d'espoir dans le marasme meurtrier, Francine chante près de son trèfle à quatre feuilles qui réside au Mémorial de la Shoah. « Pourtant, j'ai chanté. Une petite fille de neuf ans a chanté dans les camps. Parce que l'art est le meilleur antidote au malheur, et la voix le plus vieil instrument de musique à disposition des hommes. » Improbable histoire qui rapproche l'humain de son essence même. Un témoignage si nécessaire avec lequel nous ne devons pas fermer les yeux. Pour nous-mêmes mais surtout pour les générations à venir pour qu'aucun enfant ne demeure dans l'ignorance qu'un Homme peut véritablement faire souffrir son prochain•••
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