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Critique de ComptoirDesConnaissances


The Mortal Instruments est une saga très connue, au point qu'une série en plusieurs saisons a été tournée, sous le nom Shadowhunters. J'ai décidé de regarder d'abord la série pour ne pas être déçue du roman après. La série a été de toute évidence faite pour les adolescents étant donné les raccourcis scénaristiques, que ce soit dans la quête de la coupe ou dans la romance entre Clary et Jace. En commençant le roman, j'avais donc peur qu'il soit aussi caricaturé au niveau des personnages. Néanmoins, j'avais déjà lu un roman de Cassandra Clare : le tome 1 de Magisterium co-écrit avec Holly Black et publié aux mêmes éditions PKJ. Magisterium étant une bonne saga, je gardais confiance en la plume de l'autrice qui m'avait déjà plu une fois.

En général, dans les romans de ce type-là, lorsque le personnage principal prend conscience qu'il appartient à un monde caché, le premier tome est un récit d'apprentissage pour que le personnage apprenne à vivre dans ce nouveau monde. Mais dans le premier tome de The Mortal Instruments, le récit est un récit de quête, avec Clary qui souhaite retrouver la Coupe Mortelle pour l'échanger contre sa mère que Valentin garde en captivité. Il existe plusieurs différences entre les récits de quête et les récits d'apprentissage dont le nombre de péripéties, et l'approche de la psychologie. Ainsi, dans les récits de quête, les péripéties sont omniprésentes, le lecteur a besoin d'action et que l'intrigue avance vite. Mais pour contrebalancer, la psychologie des personnages est mise de côté. C'est exactement ce qu'il se passe dans ce roman, il y a peu de tension dramatique mais il se passe toujours quelque chose.

Lors de l'incipit, nous rentrons directement dans le vif du sujet. L'autrice parvient à nous faire s'identifier rapidement aux personnages en y ajoutant beaucoup d'humour et l'action arrive rapidement, sans que nous ayons du mal à saisir ce qu'il se passe. Cependant, tout le roman demeure sur le même ton : il y a quelques scènes de combat qui font augmenter la tension dramatique, mais cette dernière reste relativement plate tout au long de l'intrigue. À chaque fois que Clary pense avancer dans sa quête, elle recule d'un pas, et en réalité elle se met à tourner en rond pendant les plus de 500 pages du livre. C'est dommage car avec un peu plus de rapidité durant certaines scènes, Cassandra Clare aurait pu davantage développer son univers ou ses personnages.

Les années 2000 et début 2010 ont vu naître de nombreuses sagas américaines dans le genre de l'urban fantasy. Ce genre est particulier car il met en scène la vie contemporaine des personnages, dans la vie réelle, mais aussi des peuples imaginaires oeuvrent en général dans l'ombre. le personnage principal prend alors connaissance de ces peuples cachés et préfère vivre avec eux plutôt que dans le monde normal. Beaucoup de ces sagas sont éditées à l'internationale, avec une adaptation cinématographique comme Twilight de Stephenie Meyer, Percy Jackson de Rick Riordan, ou encore Harry Potter de J. K. Rowling. The Mortal Instrument ne déroge pas à ces romans connus et reconnus en mettant en scène des personnages dans le New York dans les années 2000. Cependant, la partie réaliste est vite passée, pour mettre l'accent sur le monde obscur.

Ce monde est à peine effleuré dans ce premier tome, mais l'autrice nous livre la plupart des éléments importants ainsi que ceux dont nous avons besoin pour comprendre l'intrigue et les enjeux. La grande partie des créatures obscures sont des créatures qui sont utilisées couramment dans l'urban fantasy : vampire, loup-garou, sorcier… Mais l'originalité de cette saga se trouve dans la présence de Chasseurs d'Ombre. C'est à cette espèce qu'appartiennent Clary et les autres personnages importants du roman. Leur objectif premier dans le roman est de sauvegarder l'existence des humains des créatures obscures, et en particulier des démons. Mais parmi toutes ces espèces, seuls les Chasseurs d'Ombre sont approfondis, c'est pourquoi j'attends des prochains tomes que les autres créatures prennent davantage de place que dans ce premier opus.

Outre la ville de New York, deux lieux importants sont d'un côté visités avec l'Institut, et d'un autre côté évoqués avec l'Enclave. À l'instar des créatures obscures, l'Institut n'est pas réellement développé, alors que c'est le lieu de résidence des Chasseurs d'Ombre. Seules la bibliothèque et la serre sont des lieux récurrents et dont le lecteur peut imaginer la structure. le manque de description se ressent particulièrement au niveau de ces lieux, et l'autrice aurait pu en mettre davantage étant donné qu'il y a déjà assez peu de descriptions de façon générale.

Les personnages se déclinent en trois camps différents : les protagonistes représentés par les Shadowhunters de l'Institut de New York, les antagonistes représentés par les membres du Cercle avec à leur tête Valentin et composé principalement de Shadowhunters, et enfin les personnages plus neutres représentés par les Créatures Obscures telles les vampires, les loups-garous et les sorciers. Nous pouvons donc constater une première originalité : il n'y a pas d'opposition entre les gentils humains et les méchantes créatures, bien que l'objectif premier des Shadowhunters soit de tuer des démons. Ici, le roman met en arrière-plan les démons et se concentre davantage sur une opposition entre Shadowhunters, c'est-à-dire entre personnages de la même espèce. Cette originalité fut plaisante à constater.

Même pour un premier tome, les personnages sont globalement peu développés (à quelques exceptions près). du côté des protagonistes, nous avons de rares scènes qui apprennent au lecteur quelques passages de leur passé. Je pense notamment à Jace Wayland. Cependant, pour tous les autres Shadowhunters qui accueillent Clary à l'Institut, nous n'avons presque aucune information supplémentaire à leur description physique. Même le personnage principal, Clary, n'est pas développé, voire moins que les autres… Les exceptions auxquelles je faisais allusion concernent la mère de Clary et Valentin. J'ai été agréablement surprise de constater que le passé de Valentin, l'antagoniste principal du roman, ait été expliqué dès ce premier tome. En général, dans les sagas, l'antagoniste n'est approfondi que dans les derniers tomes, pour que le lecteur s'attache à lui, tandis qu'il est censé s'attacher aux protagonistes dans un premier temps. C'est donc un très bon point pour ce premier tome !

En ce qui concerne les relations entre tous les personnages, la première chose que j'ai remarquée est l'absence de romance entre Jace et Clary, alors que la série accentue bien plus que nécessaire sur leurs sentiments. J'ai trouvé que le roman créait une relation bien plus saine et réaliste entre les deux personnages que la série, qui ne les résume qu'à deux adolescents en proie à leurs hormones. C'est en revanche le contraire avec la relation entre Alec et Magnus. Dans la série, l'homosexualité d'Alec est amenée de façon bien plus naturelle, alors que dans le livre, Clary, juste après sa rencontre avec Alec, sans aucun indice, demande s'il est homosexuel. C'est dommage car c'est très peu crédible. Ensuite, les amis d'Alec force la relation entre lui et Magnus alors qu'elle n'a pas non plus de raison d'être vu qu'ils se connaissent à peine. Dans la série, cette évolution est beaucoup mieux faite, premièrement car c'est Magnus qui tente d'ouvrir les yeux d'Alec sur son orientation sexuelle, et deuxièmement car l'homosexualité n'est socialement pas encore acceptée dans l'Institut, donc c'est normal qu'Alec refuse de se confier sur ce sujet.

Comme la quatrième de couverture l'annonçait, l'écriture est très simple. Je ne sais pas si l'autrice ou la traductrice ont voulu la rendre aussi basique parce qu'elle avait en tête un public cible adolescent. J'ai beaucoup de mal avec les publics que les éditeurs appellent jeunesse car ils clivent le roman et le rentrent dans une case dans laquelle il ne pourra jamais sortir. Beaucoup de lecteurs refusent de lire des romans appelés jeunesse par les éditeurs en pensant qu'ils sont sans intérêt. C'est le cas de ce roman, destiné à un public jeune, mais qui peut parfaitement être lu par des adultes. Cependant, je ne peux pas nier le style adolescent de l'autrice. le langage utilisé manque de délicatesse. Mais ce qui pourrait plaire au public adulte de ce roman sont toutes les références culturelles, surtout dans le domaine de la peinture dont il est truffé. Ça ne m'étonnerait pas que Cassandra Clare soit férue de peinture ! Malheureusement, l'utilisation des pronoms est parfois surprenante, nous ne savons pas toujours qui se cache derrière le « il » ou le « elle ». Ça rend les scènes d'action assez floues et brouillon, alors que c'est un problème qui aurait pu très facilement être évité.

Malgré tout, j'ai été agréablement surprise par l'évocation de certains thèmes de société, comme la religion, être croyant ou athée, et l'homosexualité qui sont traités comme n'importe quel autre sujet de conversation. Ça fait beaucoup de bien que des personnages de livres puissent avoir une discussion sur ces thèmes sans préjugés et sans animosité, donnant l'exemple. C'est d'autant plus étonnant lorsque nous prenons en compte l'année de publication (2007) du roman.

Points positifs :
– humour omniprésent grâce aux personnages
– intrigue bien ficelée
– multiplicité de l'action

Points négatifs :
– peu de développement de l'univers

Lien : https://comptoir-des-connais..
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