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Critique de le_Bison


Les yeux fermés, je suis du genre à plonger les mains dans l'acide, et sans gants. C'est que l'univers de Claro ne m'indiffère pas. Il a croisé mon chemin par le biais de ses traductions de la grande littérature américaine, celle qui est déjantée et qui surprend son lecteur. Puis, j'ai découvert ses romans, du moins un avec cette dose de LSD nécessaire à la littérature de l'âme, avant de parcourir des nouvelles, des poèmes, des essais. Inculte que je suis, dans une édition qui porte bien son nom, Inculte, je m'en ressers un verre dès que l'occasion se présente. Bien que l'univers soit totalement décalé, pour ne pas dire étrange ou survolté, je survole ses jeux de mots et de mains, le clavier cannibale avale les phrases et couche sur papier ses pensées, ses mystères.

Je me dis que forcément il faut être sous LSD pour capter l'essence des propos de Claro, moi je suis à fond dans le malt ou le houblon, alors j'ai par moment des difficultés à le suivre, mauvais carburant ou inculture chronique. Mais j'y reviens, sans honte, même si je n'arrive pas à me regarder dans le miroir, si la honte d'une vie, ce serait donc une sorte d'addiction aux pensées de Claro et ce genre d'addiction ne se soigne qu'en thérapie. Sauf que je ne veux pas d'un psy grincheux qui sourcille de mon silence. Je m'allonge sur le canapé, cuir noir odeur de poussière, me met à nu devant mes maux, elle nue dans ses mots, je lui parle de son cul, de ma littérature libidineuse, de ce besoin de lécher les pages des romans pour enlever la poussière des vies antérieures.

Je me dis que les mots de Claro sont une mélodie, des accords mineurs qui se passent de majeurs, pourtant le majeur est l'âme de la vie, une musique sous acide lysergique, avec des mélopées libres d'un saxophone furieux, des riffs épris d'une guitare sauvage, des hallucinations sonores d'une vie de poussière, le clavier mécanique d'un mélomane inculte. Je me dis que Christophe Claro c'est comme Frank Zappa ou Glenn Gould. A la première écoute, à la première lecture, je ne comprends pas grand chose. Je sens l'anguille sous roche, le serpent entre tes cuisses et si de prime abord, je ne capte pas l'essence même de sa pensée, n'effleurant qu'à peine la page comme je caresserai le bout de ton sein droit, j'y reviens m'abreuver de son flot comme je reviendrai me ressourcer pour boire à la fontaine de tes cuisses.
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