Citations sur La Société contre l'Etat : Recherches d'anthropologie p.. (25)
Dans les sociétés à Etat, la parole est le droit du pouvoir, dans les sociétés sans Etat, au contraire la parole est le devoir du pouvoir. Ou pour le dire autrement, les sociétés indiennes ne reconnaissant pas au chef le droit de la parole parce qu'il est chef: elles exigent de l'homme destiné à être chef qu'il prouve sa domination sur les mots
En contraignant l'individu à se séparer de son gibier, il l'oblige à faire confiance aux autres, permettant ainsi au lien social de se nouer de manière définitive; l'interdépendance des chasseurs garantit la solidité et la permanence de ce lien, et la société gagne en force ce que les individus perdent en autonomie.
Loin de nous offrir l' image terne d'une incapacité à résoudre la question du pouvoir politique, ces sociétés nous étonnent par la subtilité avec laquelle elles l'on posée et réglée. Elles ont très tot pressenti que la transcendance du pouvoir recèle pour le groupe un risque mortel, que le principe d'une autorité extérieure et créatrice de sa propre légalité est une contestation de la culture elle -meme.
Une différence considérable sépare l'ethnocentrisme occidental de son homologue "primitif"; le sauvage de n'importe quelle tribu indienne ou australienne estime sa culture supérieure à toutes les autres sans se préoccuper de tenir sur elles un discours scientifique tandis que l'ethnologie veut se situer d'emblée dans l'élément de l'universalité sans se rendre compte qu'elle reste à bien des égards solidement installée dans sa particularité et que son pseudo discours scientifique se dégrade vite en véritable idéologie.
La société primitive sait, par nature, que la violence est l'essence du pouvoir.En ce savoir s'enracine le souci de maintenir constamment à l'écart l'un de l'autre le pouvoir et l'institution, le commandement et le chef.