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Critique de Pancrace


Et si c'était la surenchère de laideur, de violence, de population déplacée et de guerre que j'absorbe chaque jour depuis des lustres qui ont fait que ce roman m'est apparu saturé de mièvrerie ?
L'auteur n'en est pas le responsable, mais comment m'apitoyer sur le récit de ce Monsieur Linh qui a tout perdu, sa maison, son pays, ses enfants, à qui il ne reste que sa petite fille alors que dans le monde me sont relatés quotidiennement des faits similaires, bien réels ceux-là.
De l'Ukraine à la Libye en passant par l'Arménie et la Palestine, ce n'est que désolation, persécution et souffrance.
Des « Monsieur Linh » par milliers sont arrivés par bateau, en train ou à pied et vont finalement errer dans des pays qui ne veulent pas d'eux.
Comme dans le roman, ils vont vraisemblablement rencontrer des centaines de « Monsieur Bark » qui à la vue de cette détresse humaine vont culpabiliser que leur gouvernement ait déstabilisé leur régime ou d'avoir eux-mêmes prit les armes pour aller les abattre chez eux comme on leur a ordonné de le faire.

C'est intéressant de ne pas savoir d'où vient Monsieur Linh et dans quel pays il débarque avec sa petite fille très sage, trop sage même, trop silencieuse, traumatisée surement, trophée d'un peuple détruit.
Ce mystère confère un côté universel à cette histoire. Ce sympathique Monsieur Bark est Monsieur Tout-le-monde avec un passé de guerrier repenti qui a eu la vie dure. Ce pauvre homme cassé, seul, a perdu sa femme juste avant la retraite.
Malheureusement, la retraite n'a pas le même sens dans tous les pays de cette terre.
Pour certains c'est une pause méritée pour d'autres c'est un exode forcé.

Maintenant, c'est gentiment à la mode de faire des marches de la solidarité par dizaines de kilomètres à grand renfort médiatique mais commençons par arrêter de marcher sur la tête. Ces démarches à mon sens ne sont que des cautères sur des jambes de bois et ne font plaisir qu'à notre égo.

Et si je m'étais trompé, qu'en définitive, ce roman était une fable et que ma fièvre est montée sans raison à échafauder des parallèles contestables ?

Et si la fin était tragique mais poétique, et si Monsieur Linh était allé boire à une source ?
« On raconte que son eau a le pouvoir de donner l'oubli à celui qui la boit, l'oubli des mauvaises choses. Aussitôt qu'il l'a bue, sa mémoire devient légère : ne restent en elle que les jolis moments et les belles heures, tout ce qu'il y a de doux et d'heureux. Les autres souvenirs, ceux qui coupent, ceux qui blessent, ceux qui entaillent l'âme et la dévorent, tous ceux-là disparaissent, dilués dans l'eau comme une goutte d'encre dans l'océan. »

Et si c'était un rêve et en aucun cas une « rave » ?


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