AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Dans le dernier volume de sa saga précédente (« Compagnons du Nouveau Monde », épilogue des « Colonnes du ciel ») Bernard Clavel ouvrait une porte béante sur un autre univers ; les blanches étendues du Grand Nord Canadien. C'est une double impulsion qui l'y a poussé : son ADN de grand voyageur et d'aventurier, son besoin d'espace, son appétit de romancier pour les aventures épiques, ça, bien entendu, on sait que c'est viscéral chez notre Bernard. Mais il y a une autre raison : l'amour. Eh oui, il y a des rencontres qui changent la vie d'un homme (ou d'une femme) mais aussi celle d'un écrivain (ou d'une écrivaine). Josette Pratte, québécoise d'origine va ouvrir à Bernard Clavel un horizon nouveau, totalement vierge pour lui, qu'il ne va pas tarder à peupler d'une foule de personnages, plus attachants les uns que les autres.
Ce pays s'appelle Abitibi. C'est une immense étendue à l'ouest du Québec entre Ottawa et la Baie Saint-James, totalement inculte, une terre vierge à conquérir. C'est là que Bernard Clavel va construire sa nouvelle saga : « le Royaume du Nord », composé de six volumes : « Harricana » (1983), « L'Or de la Terre » (1984), « Miserere » (1985), « Amarok » (1987), « L'Angélus du soir » (1988) et « Maudits sauvages » (1989).
Voici donc la famille Robillard, qui va être le centre, le pivot de cette fabuleuse saga. Alban et Catherine Robillard, et leurs trois enfants Stéphane (Steph), Georges et Louise, vivent pauvrement dans un village déshérité, jusqu'au jour ou l'oncle Raoul, le frère de Catherine, coureur des bois de son métier (une légende, donc pour les enfants), vient annoncer la construction d'un pont sur la rivière Harricana, pour relier le Transcanadien au Grand Nord. le hic c'est que ça se passe dans une région sauvage, totalement inexplorée, un pays de grands froids et d'étés torrides, de neige et de glace, peuplé de loups, de trappeurs, à la merci des bêtes sauvages ou des féroces indiens Algonquins. Un sacré défi à relever. Qu'à cela ne tienne, la famille au grand complet se lance dans l'aventure. Harricana est le récit de cette épopée humaine et tragique, qui voit se créer la petite ville d'Amos. C'est la Nature qui est au coeur de cette histoire. Et la Nature a toujours le dernier mot.
François Nourrissier aurait dit, en parlant de cette saga : « En lisant « le Royaume du Nord » on pense à Victor Hugo ». C'est certainement vrai pour le souffle, la puissance d'évocation, l'émotion, mais personnellement j'aurais plutôt cité Jack London, ou James Oliver Curwood, ou plus encore ces grands chantres de ce pays que sont Félix Leclerc et Gilles Vigneault. Ceux qui ont vu sur scène Gilles Vigneault dépeindre avec ses mots et ses gestes ces étendues désertiques et glacées, ces solitudes peuplées seulement par les loups, les chasseurs des bois et les Indiens, ceux-là comprendront l'oeuvre prenante de Bernard Clavel.
Cette saga romanesque de grande ampleur n'est pas seulement une belle oeuvre littéraire : c'est aussi un chant d'amour à ce pays, à ces « gens du pays » (comme dirait Gilles) et bien sûr à sa femme. Chant profond, d'une réelle authenticité (parfois même dur à supporter tant la misère est grande, tant les difficultés s'amoncèlent comme autant de congères impossibles à franchir). C'est du Bernard Clavel : sans fioritures, mais totalement humain, avec une totale passion/compassion pour ces gens du peuple qui n'ont que leur courage, leur foi, et l'amour qui les unit pour avancer.

Commenter  J’apprécie          81



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}