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Critique de Lamifranz


Deuxième volet des « Colonnes du ciel », « La Lumière du lac » raconte le voyage périlleux des paysans franc-comtois, fuyant leur terre ravagée par la guerre et la peste. Sans Mathieu Guyon, mais sous la conduite de Bisontin-la-Vertu, le charpentier au grand coeur, un convoi imposant s'achemine vers la Suisse, à travers mille dangers, dont le froid, la faim, les soldats, les brigands, les loups… Parmi eux Marie et ses petits, ainsi que son frère Pierre.
Arrivés au lac Léman, dont ils apprécient la lumière (la lumière du lac) nos héros ont la douloureuse surprise d'être refoulés, mis en quarantaine dans un village perdu. Mais ils ont, gravée en eux, l'espérance de jours meilleurs. Ils ont la certitude de pouvoir commencer une nouvelle existence
L'eau va à la rivière. Un signe leur est donné, avec l'arrivée d'un homme exceptionnel, Alexandre Blondel. Cet homme qui a tout perdu, y compris la foi, est un « fou merveilleux », il sauve les enfants, il aide les adultes, il guérit les maux du corps et de l'âme, il parle aux coeurs…
Bernard Clavel nous avait déjà conquis avec le premier volume, qui nous plongeait la tête la première dans la réalité tragique de la Guerre de Trente ans. Entre pillages et tueries, peste et froidure, faim et attaques de loups, ce premier épisode était d'une rare noirceur. « La lumière du lac » part sur les mêmes bases, mais les personnages sont tracés avec une telle intelligence, et une telle empathie qu'on se joint sans problème à ce convoi pathétique. Les raisons de vivre sont tellement plus fortes que les raisons de mourir, surtout quand des personnages comme Blondel – un saint laïc – apportent l'humanité qui fait tant défaut aux humains de cette époque.
Bien entendu, certains vont dire : Halte aux clichés ! d'autres : Haro sur la bien-pensance ! Dans l'ère du soupçon (comme dirait Nathalie Sarraute), ou celle du complot, il n'y a que des extrêmes : si on n'est pas soi-même fort, on ne peut qu'être faible. Si on a des « valeurs », on est forcément un bisounours, et si l'on n'est pas pragmatique et sans coeur, on est voué à l'échec. Bernard Clavel, lui, reste à hauteur humaine : les hommes et les femmes sont faits de chair et de sang, de bien et de mal. Et ils ont tous une ambition celle de vivre un jour dans un monde heureux et en paix. Utopie ? Bien sûr. Mais ce sont les utopies qui nous font avancer.
C'est également dans cet esprit que Bernard Clavel fait un roman historique qui n'est pas simplement historique, un roman romanesque qui n'est pas seulement romanesque : L'Histoire qui est racontée n'est pas celle des rois et des chefs de guerre, c'est celles des petites gens : ce n'est pas l'histoire de la Guerre de Trente ans, mais celle de ses effets collatéraux. de la même façon, en faisant de ses héros des gens pareils à nous – ceux que nous aurions pu être en vivant à la même époque – il dépasse le cadre purement romanesque.
En referment ce volume, nous n'avons qu'une hâte, ouvrir le suivant !

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