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Critique de gruz


Paul Cleave est un auteur à nul autre pareil. Ces cinq précédents romans publiés en France ont ravi les amateurs de thrillers enlevés, à l'humour noir omniprésent.

A la différence de ses prédécesseurs, Ne fais confiance à personne est un one shot, le lien avec les précédents étant que l'action se situe toujours dans la ville néo-zélandaise de Christchurch.

Ce récit paranoïaque, par son coté unique dans la bibliographie de Cleave, représente sans doute la quintessence de son art. Il se lâche et s'y amuse comme jamais, pour proposer un thriller tout bonnement exceptionnel.

Imaginez : un auteur de roman à suspense est touché par la maladie d'Alzheimer, alors qu'il est en pleine force de l'âge. Il perd la mémoire et le sens des réalités à vitesse grand V, au point de mélanger ses fictions avec sa vraie vie. Ou comment faire confiance à quelqu'un, alors qu'on ne peut même plus croire en soi-même.

L'idée est excellente et le traitement éblouissant. Quelle intrigue surprenante de bout en bout ! Quelle virtuosité dans sa construction ! Quelle écriture aussi addictive qu'enthousiasmante !

Paul Cleave joue avec le dédoublement de personnalité et le mélange entre fiction et réalité. Il le fait avec une inventivité jouissive. Comment ne pas s'attacher à ce personnage qui perd ses repères en même temps que sa mémoire ?

Surtout que c'est clairement son roman le plus personnel. On sent qu'il y a mis beaucoup de lui (si on met de coté la maladie en elle-même), en mettant en scène un auteur de thriller dans la quarantaine. Une manière ludique de parler également du métier d'écrivain à suspense (toujours écrire sur ce qu'on connaît et faire semblant pour le reste).

« C'est le genre de chose qu'il entendait souvent. C'était une question que les journalistes lui balançaient tout le temps. « Donc vous êtes fascinés par le crime ». Non, il ne l'est pas – il aime écrire des histoires de meurtres, mais il ne les aime pas en tant que tels, et combien de fois a-t-il indiqué que c'étaient deux choses totalement différentes ? C'est comme croire que les gens qui aiment les films de guerre aiment la guerre. »

La narration est aussi originale que maîtrisée, entre passages classiques et moments où le personnage se parle à lui-même à travers un journal de bord. Un protagoniste qui souffre de cette dissociation engendrée par l'avancée galopante de sa maladie, mais ne lâche pas l'affaire.

L'éditeur Sonatine parle de Shutter Island pour comparer ce roman. L'analogie est assez juste, si on rajoute cette forte dose d'humour noir typique de l'univers de Paul Cleave.

L'autre force de ce roman, est cette plongée au plus profond de cette maladie qu'est Alzheimer. Les descriptions sont d'un réalisme effrayant et l'occasion de moments de fortes émotions. Parce qu'au delà de l'humour et de la noirceur de la plume de Cleave, il y a une tendresse parfois déchirante qui affleure de ce récit.

En 450 pages, Paul Cleave joue au maximum avec le concept épatant de cette intrigue, et son génie fait que le récit est jubilatoire de la première à la dernière page (Ah, cette conclusion !). Pour moi, Ne fais confiance à personne est le thriller de l'année 2017, assurément !
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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