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Critique de Sofiert


Une étrange alchimie nous emmène dans ce livre étonnant. Dans la lignée des romans américains sur l'esclavage, Coates nous fait découvrir le fabuleux destin de Hiram, né d'une mère esclave et du propriétaire d'une plantation de tabac en Virginie. Lorsque sa mère est vendue, il joue le rôle ambigu de serviteur de son demi-frère blanc et se fait remarquer pour son intelligence exceptionnelle et ses capacités de mémorisation. Tout est posé, sans le moindre misérabilisme : les familles dévastées par les séparations, l'indifférence des maîtres qui deviennent barbares lorsqu'ils s'ennuient, le travail éreintant, les conditions de vie insupportables.
Pendant quelques années, Hiram vit entre deux mondes : celui de ceux qu'il appelle les Distingués et celui des Asservis. Jusqu'à la mort de son frère. Lorsqu'il comprend qu'il sera toujours un esclave, à moins de conquérir lui-même sa liberté.

Cette réalité sordide se décline en même temps qu'apparaît, par petites touches, des bribes de magie, de poésie et de surnaturel qui évoquent le courant du réalisme magique, cher aux auteurs sud-américains. Une poétique de l'eau se met en place, autour de l'image d'une mère rêvée exécutant une traditionnelle danse de l'eau africaine. Et l'on découvre ainsi un singulier pouvoir, celui de la Conduction dont Hiram aurait hérité de sa grand mère. Ce pouvoir, métaphore d'un extraordinaire désir de liberté, permettrait de libérer des esclaves et de leur donner le statut d'Affranchis.
Recruté par un réseau clandestin de libération des esclaves, dirigé par une aristocrate blanche, Hiram va se devouer entièrement à cette cause et apprendre à maîtriser son pouvoir.

Si ce livre est magique, c'est qu'il est terriblement ambitieux et terriblement réussi. Il fallait une grande délicatesse, une sensibilité extrême à la poésie pour réussir le tour de force d'un juste équilibre entre le sordide de l'histoire de l'esclavage et le prodige d'un individu aux pouvoirs surnaturels. Cette divagation romanesque aurait pu faire plonger le roman dans le ridicule., mais elle lui donne au contraire une intensité et une dramaturgie singulières.
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