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Critique de Godefroid


Hitchcock Sewel, thanatopracteur sensuel s'il en est, est de retour dans ce deuxième volume après "Le croque-mort a la vie dure". La galerie de ses proches est au rendez-vous : son extravagante ex-femme (Julia), son chauffeur de corbillard et videur de boite de nuit (Sam), son musicien d'enterrement, cornemuseur italien neurasthénique, et bien sûr tante Billie qui tient avec Hitch l'entreprise familiale. En toile de fond se tient encore l'inévitable flic miteux (mais doué), le petit et mal foutu John Kruk. le fameux screaming oyster saloon (SOS) tenu par ses étranges ex-beaux parents est toujours là comme base arrière, prêt à accueillir les replis stratégiques et houblonneux (d'où le titre) de notre détective amateur.

Et l'histoire ? j'y viens : l'hiver fait rage à Baltimore. Une superbe jeune femme se pointe lors de la veillée funèbre d'un réputé cardiologue, foudroyé en pleine opération. En fait, elle est balancée morte à l'entrée du salon, quasiment dans les bras de Hitchcock. La belle s'appelait Helen Waggoner et travaillait comme serveuse dans un boui-boui reconverti la nuit tombée en base de racolage à destination d'une clientèle de VRP minables et grossiers. Bonnie, la petite amie du moment de Hitch (et présentatrice météo de la tété locale) est excitée comme une puce : Hitch doit se bouger le cul et découvrir les dessous de cette lamentable histoire, la police étant trop occupée, quant à elle, à tenter de résoudre le double meurtre d'un couple d'avocat en vue (bien plus inquiétant que le décanillage d'une pute d'occase, c'est sûr).

Hitch devra se coltiner les dessous crasseux d'une famille de répugnants rupins ; sa Chevrolet Quedalle finira à la casse, mais il aura l'agrément de côtoyer la soeur d'Helen, une séduisante institutrice nommée Vicky qui ne le laissera pas insensible.

Dans ce second épisode, Cockey affirme son style ; son personnage ne sait pas réfréner sa nature fanfaronne et cela nous vaut une cascade de bons mots et de réflexions qui font (presque) toujours mouche. Bon, la belle Bonnie jure comme un charretier, quelques vannes tombent à plat, mais dans l'ensemble les effets comiques sont efficaces et subtils. L'ambivalence de genre qui gênait un peu dans le premier roman est ici bien maîtrisée : la légèreté de ton sait faire place à des scènes graves et émouvantes très réussies. Si les scènes d'action sont un peu moins nombreuses que dans l'épisode précédent, c'est au profit d'une enquête plus fouillée, de façon très traditionnelle cependant (succession d'interrogatoires organisés ou fortuits entrecoupée de réflexions tout seul ou à plusieurs – toutes les combinaisons étant exploitées).

Mais ce classicisme ne nuit pas ; il semble même revendiqué, Cockey se payant le luxe d'un final à la Nero Wolfe (tous les protagonistes dans une salle avec le détective au milieu qui égrène ses déductions afin de confondre les coupables). C'était risqué, mais c'est totalement réussi. L'intrigue révèle sa complexité et la maîtrise de l'auteur dans son orchestration est irréprochable. Les masques tombent, la révélation est terriblement amère.

La traduction, qui use avec bonheur de poilants néologismes, est d'une très bonne tenue dans l'ensemble ; j'ai cependant repéré une ou deux phrases mal foutues qui m'empêchent d'adhérer complètement. Un roman ultra captivant qui ratisse large dans la palette des émotions ; je me laisse pousser sans effort vers le 3e tome (Le croque mort à tombeau ouvert).
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