La place de
Jean Cocteau dans le vingtième siècle est singulière. Sa littérature, en effet, réconcilie avec grâce l'ère moderne et l'antique; la métrique, la rime, l'esthétique traditionnelles avec le choc des images modernes et surréalistes.
Grâce est le mot. Il n'y a qu'à voir son trait arrondi dans les dessins qui accompagnent certains poèmes, le vocabulaire choisi, son ambiance éthérée:
"Rendez-vous derrière l'arbre à songe"
Il y a aussi ce côté légèrement inquiétant hérité de l'acquis freudien: la présence persistante des miroirs, des statues animées et des anges autoritaires échappés de son inconscient.
Cocteau, utilisant les jeux de mots comme moteur de son écriture, assume pleinement ses influences :
Freud avait besoin d'Oedipe, lui d'
Orphée! Ne sommes-nous pas d'ailleurs tous et toutes, filles et fils d'
Homère ou de
Sophocle ?
Plain-Chant, court recueil en fin de volume, approfondit de façon très poétique et gracieuse (encore une fois) le thème des Muses car, dans la poétique de
Cocteau, n'est-ce pas toujours une question d'inspiration ?
Opéra est certainement un recueil emblématique de ce néo-classicisme assumé et un parfait exemple de cette atmosphère si inspirante que
Cocteau a su imprimer sur l'art du XXe siècle.