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Critique de Fortuna


Les enfants de Longbridge ont grandi. A l'âge où leurs parents les élevaient sereinement dans leurs pavillons de banlieue, certains que leurs mariages survivraient à quelques écarts, nos héros abordent la crise de la quarantaine dans un monde beaucoup plus incertain. Benjamin, dévasté par sa passion de jeunesse pour Cicely, s'est résigné à un mariage sans amour - et sans enfant - avec Emily dont il croit partager la foi. Son frère Paul, marié et père de deux enfants, s'est entiché d'une jeune étudiante, tout en craignant le scandale et sans se douter de ses origines...Doug, socialiste, a épousé une femme richissime alors que Philip, divorcé d'avec Claire - qui fut amoureuse de Benjamin - et dont il a eu un fils, Patrick, s'est remarié. La soeur de Benjamin, Lois, traumatisée par la perte de son fiancé décapité par une bombe de l'IRA, s'est mariée sans conviction...et a une fille, Sophie. Qui rencontre Patrick à Berlin, début de l'histoire, et lui raconte la jeunesse de leurs parents que sa mère lui a contée, début de la saga.

Le 21ème siècle a commencé, d'autres attentats ébranlent le monde, le 11 septembre 2001 l'horreur s'abat sur les États-Unis, en 2003 la guerre en Irak déchire la planète, en Angleterre l'usine BMW menace de fermer sa filiale Rover, les tensions sociales et raciales montent, les rêves des adolescents sont oubliés mais leurs blessures encore bien présentes…
Benjamin poursuit son rêve de devenir écrivain mais se perd dans les méandres d'un pays qu'il ne reconnait plus, essayant d'en retranscrire l'évolution dans des milliers de pages dont il ne voit plus la fin...dans un projet musico-littéraire audacieux mais vain. Indécis, il finit par choisir de disparaitre.
Claire, qui a vécu un temps en Italie, est toujours à la recherche de sa soeur, Miriam, disparue des années plus tôt dans d'étranges circonstances jamais élucidées…

Bref, le passé a du mal à passer, le pays à aller de l'avant, la nostalgie veille, et Jonathan Coe continue à nous dépeindre, avec son humour tendre et féroce, le destin de ses personnages ballotés par les fluctuations de l'époque, pris dans leurs contradictions et leurs compromissions qui les empêchent d'être heureux. Éduqués pour être l'élite, ils ne sont que les pantins d'un monde qui se disloque, où les idéaux d'hier ne sont plus que des variables économiques. le cercle s'est refermé - en partie - le retour en arrière est impossible. Et si on se passionne, c'est parce que cette histoire est également la notre…

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