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Critique de SZRAMOWO


A la fin du roman, Arpana Indrani, la jeune pakistanaise qui renonce à terminer les travaux de sa thèse à l'université de Coventry et s'en retourne chez elle, pense « J'avais oublié que le pays natal pouvait être la terre la plus étrangère de toutes. »
Elle avait imaginé trouver un pays d'accueil à l'université mais, chacun des personnages qu'elle croise sur le campus est aussi un étranger sur sa propre terre, perdu dans la recherche de certitudes qu'il ne trouvera jamais dans la vie qu'il mène faite de faux semblants et d'hypocrisie.
Ces gens-là, trouvent « qu'elle était à fleur de peau », son directeur de thèse, Norman Corbett, un prédateur, se contente de lui dire qu'elle est « superbe », ce qui ne l'empêche pas de lui demander systématiquement « de recommencer, et réécrire, et réécrire et recommencer de nouveau. »
« Il a trouvé ça intéressant, que ça avait des qualités, mais que ça avait besoin d'être remanié, que c'était trop émotif et agressif. »
Robin Grant qui fut un temps son ami, cherche à terminer sa thèse depuis six ans, son directeur de recherches, le professeur Davis est usé par la routine de l'enseignement universitaire. Leonard Hugh son ami est resté sur la gloire éphémère que lui valut une note sur la ligne 25 de Little Gidding le poème de TS Eliott à propos de laquelle Malcom Kirkby, l'exégète d'Eliot avait écrit dans son ouvrage sur les Quatre Quatuors, « …il ne serait plus possible désormais de lire cette ligne de la même manière. »
Norman Corbett, regarde ce petit monde s'agiter, lui qui se repose sur des ouvrages reconnus, « le coeur intelligent : pensée et sentiment dans le roman du XVIIIème siècle. » ; « Hommes et montagnes : essais sur l'engagement politique de l'artiste. » ; « psychologie de la créativité féminine. »…ce grand penseur aux idées fulminantes clôt sa conversation avec ses disciples et condisciples en annonçant, « Je dois vraiment y aller. Joyce va avoir préparé le dîner dans peu de temps. Je vous verrai tous les deux le trimestre prochain, sans aucun doute. »
Coe décrit sans complaisance un système universitaire vérolé de l'intérieur, où le paraître est la règle et la réussite un moyen d'empêcher les autres d'accéder au statut de docteur puis de professeur.
Le roman alterne les échanges de la vraie vie entre les personnages et les récits qu'en a imagine Robin Grant dans quatre nouvelles qu'il a fait lire à Arpana et à son ami Ted dont il est amoureux de la femme Katherine.
Robin voudrait vivre comme dans ses nouvelles, mais tout dans la réalité l'en empêche et surtout l'empêche de voir quels sont les sentiments réels de ceux qui l'entourent.
Ce roman, même s'il n'a pas la force la truculence et l'ironie des romans que Coe écrira par la suite est un récit qui mérite d'être lu car on y trouve déjà ce qui fera le grand Coe.
Qui sommes-nous pour l'autre ? Qui sont les autres pour nous ? L'amour existe-t-il sans retour ? Qu'est-ce que l'authenticité ? Telles sont les questions, éternelles, que pose Coe dans cette première oeuvre publiée en 1989.
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