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Critique de SZRAMOWO


La clé du toman nous est livrée dans les dernières pages.
« On est un vrai New-Yorkais quand ce qui était là avant devient plus réel et palpable que ce qui est là maintenant. »
Après dix années passées dans la Grosse Pomme, l'auteur fait sienne cette citation de Colson Whitehead (Le Colosse de New-York, une ville en treize parties).
Il nous livre un carnet de voyage épuré de ses ratés et de ses ratures, mais rempli de ses questions, d'amorces de réponses de croquis hyperléchés et de citations rassurantes à propos de la ville fantasme des USA. Celle que nous rêvons de trouver après en avoir rêvée chacun à notre manière, souvent sur les mêmes livres, les mêmes chansons, les mêmes films ou pas.
Tel est l'intérêt de ce carnet de voyage, il nous révèle notre propre vision de New-York en nous exposant celle de Cognetti. Un observateur méticuleux, un super dessinateur et un conteur hypnotique.
Il nous rappelle que New-York est la ville d'un nouveau monde, une nouvelle ville et une ville nouvelle, qu'elle a connu une expansion sans précédent et qu'elle a été une machine à recycler les migrants européens et les migrants du monde entier.
Douze millions d'européens ont transités par la ville en quelques trente années !
« Teutons mafflus aux cheveux coupés ras, des Russes barbus, des Juifs à papillotes et, parmi eux, des paysans slovaques au visage placide, des Arméniens glabres et basanés, des Grecs boutonneux et des Danois aux paupières ridées. » (Henry Roth, L'Or de la terre promise)
Comment me direz-vous des migrants du vieux monde ont-ils pu construire cette ville nouvelle et bâtir ce fantasme vivant dans lequel tout est possible, ou du moins en théorie, dans lequel les cultures et les traditions du monde entier se perpétuent dans des quartiers aux noms évocateurs comme Little Italy ou encore Chinatown.
« Vieux pays, gardez vos fastes d'antan » est-il gravé sur le piédestal de la statue de la Liberté. (dernier vers d'un sonnet d'Emma Lazarus)
Ces mêmes migrants dont les enfants vont vivre le 9/11 avec cette force qui a fait l'admiration du monde entier.
Les références de Cognetti sont les vôtres, sont les nôtres : Last exit pour Brooklyn de Selby, Manhattan Transfer de Dos Pasos, mais aussi Moby Dick de Melville ou surtout Feuilles d'herbe de Walt Whitman, Gatsby le Magnifique de Fitzgerald, Petit Déjeuner chez Tiffany de Capote et encore d'autres moins connus que l'on a soudain envie de connaître.
On croise aussi Lou Reed “Take à walk on the wild side, and the coloured girls go tu tu tu” et Bob Dylan, ce dernier ayant écrit à ses débuts le blues parlé Talkin' New York « A lot of people don't have much food on their table
But they got a lot of forks 'n' knives
And they gotta cut somethin'”
Le propos du carnet de voyage est simple, vous arrivez à New-York avec des images et des rêves et vous découvrez une ville qui vous en donne pour beaucoup plus que vous ne l'imaginiez. Sauf, si bien entendu le rêve vire au cauchemar, mais là, vous exagérez un peu ou vous le faites exprès !
N'oublions pas que New-York a servi de modèle à Gotham City !
Vous vous attendez à voir Harvey Keitel sortir de son bureau de tabac, le Brooklyn Cigar Company mais c'est Mister Bubbles qui vous interpelle et quémande votre mégot avant que vous ne le jetiez à terre.
« Je suis dans un taxi bloqué dans le trafic
Je souris à l'homme tout sourires, il opine du chef courtoisement, nous reconnaissons en nous quelque chose de New-York » (Grace Paley, Fidelity : poems, New-York)
Ah ! le magnifique voyage que nous propose Cognetti ; il aime autant la ville que la montagne.

Lien : https://camalonga.wordpress...
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