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Critique de PAGENOIREblog


Troisième volet d'une trilogie qui débute avec Solal et Mangeclous, Belle du Seigneur a reçu le Grand Prix du roman de l'Académie Française en 1968, et cela me semble déjà assez convaincant pour engager l'acte de lecture… Non ? Car un problème se pose d'entrée de jeu : comment décrire un roman de l'envergure de Belle du Seigneur où les 1000 pages sont parfois écoeurantes ? Comment le résumer ? Que dire, concrètement, sans s'étaler sur des dizaines de pages et te perdre à tout jamais ? La fécondité et les multiples visages de l'écriture d'Albert Cohen compliquent une entreprise qui s'annonçait déjà compliquée au vu du temps de lecture qu'implique son roman.

Alors, pourquoi lire Belle du Seigneur ?

1. ÇA FAIT COGITER SUR LA PASSION, ET L'AMOUR DE MANIÈRE GÉNÉRALE

Dans le Genève des années 1930, Solal, juif de Céphalonie, sous-secrétaire général de la SDN, Don Juan mondain toujours amoureux et toujours aimé, mène la trame du récit. Il fait le pari de séduire en quelques heures Ariane, plus belle femme de Genève, mariée à l'un de ses collègues de la SDN... Et c'est un pari réussi, puisqu'au chapitre suivant, ils dansent amoureusement et introduisent 500 pages de lyrisme tragique sur l'amour fou.

Dans son discours, tous les mécanismes de la séduction et de la passion sont révélés :

« Premier manège, avertir la bonne femme qu'on va la séduire. Déjà fait. C'est un bon moyen pour l'empêcher de partir. Elle reste par défi, pour assister à la déconfiture du présomptueux. Deuxième manège, démolir le mari. Déjà fait. Troisième manège, la farce de poésie. Faire le grand seigneur insolent, le romantique hors du social, avec somptueuse robe de chambre, chapelet de santal, monocle noir, appartement au Ritz et crises hépatiques soigneusement dissimulées. Tout cela pour que l'idiote déduise que je suis de l'espèce miraculeuse des amants, le contraire d'un mari à laxatifs, une promesse de vie sublime. »

L'analyse littéraire du discours de Solal est très intéressante puisque Cohen n'hésite pas à jouer avec la langue. Il remplace les lieux communs du discours habituel de l'amour par des équivalents que j'ai trouvé géniaux tant ils démystifient cyniquement le lyrisme amoureux. On y retrouve des néologismes comme « gorillerie » et « babouinerie », pour mettre en évidence le fait que l'amour est avant tout une affaire de chair, dont nous n'avons rien à envier à nos cousins éloignés. L'autre procédé utilisé est celui de la périphrase (que je trouve personnellement très drôle) : l'amant est un « noble coliqueur clandestin », l'amante est « une spécialiste en coups de reins à lui provisoirement réservés », et pour désigner l'acte sexuel, Cohen parle de « télescopage de deux pauvres viandes en sueur ». Les baisers, quant à eux, donnent lieu à toute une série de périphrases, comme « vrombissement lingual » ou « tourbillons linguaux ».

(...)

Tu peux lire la suite sur mon blog, lien juste en dessous ;)
Lien : https://www.pagenoireblog.co..
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