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Critique de Kickou


Fan de Léonard, passe ton chemin, je vais - à mon grand regret - dézinguer (un peu) ton icône. Ce volume, édité au Seuil, comprend un petit roman, qui lui donne son titre, ainsi que 16 Nouvelles, le tout étant posthume et inédit.
Nous verrons plus tard que certaines nouvelles sont en partie autobiographiques, mais ce n'est pas le cas du roman puisque son narrateur est dans la dèche et que Léonard Cohen est né dans une famille aisée d'un quartier chic de Montréal. Cette histoire ne m'a pas plu, une histoire de désirs frustrés, d'humiliations gratuites, de rapports sordides, et de masochisme christique p.91 « nous autres humains avec notre capacité à souffrir et à torturer », puis p.100 « nous découvrirons les atrocités, les outrages et les humiliations, et nous dirons que c'était le projet d'un fou ; mais le fou c'est nous même, les plans violents, les cruautés et indignités, elles sont toutes nôtres », oui, bon, c'était peut-être celles de Léo, mais ce ne sont pas les miennes.
En lisant cela j'ai pensé un peu à Raymond Carver en moins dépouillé ou à John Fante en moins goguenard. Mais finalement c'est aux écrits de Charles Bukowski que ce texte ressemble parfois, l'aspect mystique en plus. Trois auteurs que j'apprécie plutôt et qui sont de meilleurs stylistes à mon avis. Trois nouvellistes aussi, et c'est là que je fais le lien avec la suite du volume.
Je pense que L. Cohen aurait pu faire de ce mauvais petit roman, une nouvelle acceptable. Car sur les 16 nouvelles qui suivent il y en a au moins 6 qui sont très réussies, dans le contenu et dans la construction. Je vous mets les titres ici pour que vous puissiez aller les lire à la FNAC (😉 mais chez les petits libraires indépendants et sympas, vous pouvez acheter le bouquin) : Saint Sig, OK Herb OK Flo, Signaux, Polly, Une semaine ça fait très long et le coeur juke-box (sans doute autobiographique). Les thèmes abordés sont : le désir, l'amour (qui ne sont pas toujours la même chose), la vie urbaine (Montréal), la frustration amoureuse et sexuelle, la culpabilité, et la quête de la rédemption.
Il y a - et on doit s'y attendre étant donné le pédigré de l'auteur - dans chacun de ces textes courts, une part importante de poésie, une sensibilité particulière et racée, la recherche de la grâce, de la beauté. Ces textes-là m'ont évoqué des chansons de Marvin Gaye (Inner City Blues, Sexual healing …) autant que les chansons de Léonard Cohen lui-même.
J'ai perçu aussi une forme d'expérimentation dans certaines narrations ; le tutoiement de son lecteur dans le premier texte, ou une histoire bizarrement onirique et sans ponctuation (j'ai eu beaucoup d'animaux domestique). Une intéressante postface explique la découverte et la chronologie de ces manuscrits retrouvés dans les archives du chanteur. Une lecture qui, même si je n'ai pas aimé toutes ces thématiques, ne laisse pas indifférent.
Allez, salut, et bisous à Suzanne dont la mélodie me poursuit en ce moment.
P.S. : Je remercie ici la M.C. Babelio et les éditions du Seuil de ce cadeau qui a satisfait ma curiosité de lecteur.
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