Prologue :
" De : NathaliePorter@husters.unl.edu.
Envoyé le : Samedi 2h51 PM
À : Caseworker03@russian-ancestry-DNA.com
Objet : Le suspense a assez duré...
Cher monsieur Zironoff,
Désolée de vous contacter de nouveau, mais j'étais tellement contente d'apprendre que vous aviez découvert une possible correspondance ADN le mois dernier. Ça fait six ans que je cherche mes parents biologiques, et j'aimerais beaucoup avoir de vos nouvelles, même si la piste n'a pas abouti. J'ai essayé de vous joindre par téléphone mais votre messagerie est pleine. Je n'ai pas les moyens de tout recommencer avec un autre détective. Pourriez-vous avoir la gentillesse de me répondre ?
Cordialement
Nathalie Porter."
Pour la première fois de sa vie, il appréciait les interminables nuits d’hiver. Nous nagions, lisions, jouions aux échecs ensemble. Enfin, nous essayions. La veille, nous avions dispersé toutes les pièces lorsqu’il m’avait plaquée sur l’échiquier pour jouer avec mon corps.
Aucune reine n’avait jamais été aussi heureuse de se faire prendre.
-Des sujets que je ne comprends pas ? Comme le crime ?
Regard fixe et dur.
-Oh, mon dieu, c’est vraiment un mafieux.
Cette idée m’a donné mal au coeur. Pourquoi avais-je loué les services de ce détective ? Mon père biologique était un gangster.
-Dans quoi m’avez-vous embarquée ?
-Vous avez voulu le retrouvez, a rétorqué Sevastyan.
-Vous êtes pas vraiment garde du corps , hein ? Vous êtes probablement son… son quoi ? Son tueur à gage professionnel ? Son homme de main ? (J’ai eu un rire nerveux.) C’est pour ça que vous avez des cicatrices sur les phalanges – c’est à force de battre des gens à mort, hein ? Et dans quel genre d’affaires Kovalev est-il impliqué au juste ? (J’ai cédé à l’emportement.) Une guerre de territoire contre un gang rival ?
Il en fallait beaucoup pour m’énerver mais quand je perdais mon sang froid, ça faisait mal. Devant son silence, j’en ai conclu que j’avais mis dans le mille. Une guerre de clans. Ma destination.
-Vous avez fini ? a-t-il demandé au bout d’un instant.
-Dites-moi.
-Votre père fait partie de la Bratva, la fraternité. C’est une sorte d’aristocratie criminelle. Il en est le vor v zakone, le chef de l’organisation, celui qui ne reçoit d’ordre de personne.
La fierté qui perçait dans sa voix a renforcé ma nausée.