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Critique de jlvlivres


« le Dit du Vieux Marin » (The Rime of the Ancient Mariner), publié en 1798, par Samuel Taylor Coleridge (1772-1834) est une oeuvre majeure du romantisme anglais. A tel point que c'est le numéro 1 de la collection Romantique de José Corti, dans le petit format (16.5 x 12.6) qui caractérise la série, avec des pages non massicotées. Et c'est dans la traduction de Henri Parisot avec une préface de Pascal Aquien (1999, José Corti, 88 p.). Samuel Taylor Coleridge et son ami William Wordsworth, ainsi que les membres de « Lake Poets » ont été les fondateurs du mouvement romantique en Angleterre. Qui n'a pas étudié et appris « Daffodils » de Wordsworth « I Wandered Lonely as a Cloud / That floats on high over vales and hills, / When all at once I saw a crowd, / A host, of golden daffodils; / Beside the lake, beneath the trees, / Fluttering and dancing in the breeze ».
Pour en revenir à Coleridge, le poème du vieux marin reste très scolaire. le bateau est pris dans la tempête « Bientôt il s'éleva une tempête violente, irrésistible. /
Elle nous battit à l'improviste de ses ailes / et nous chassa vers le sud » « La glace de tous côtés arrêtait la vue. / La glace était ici, la glace était là, / la glace était tout alentour ». Avec le calme survient un albatros « Enfin passa un albatros : / il vint à travers le brouillard ; / t comme s'il eût été une âme chrétienne, / nous le saluâmes au nom de Dieu ». le marin tire sur l'oiseau quasi sacré des marins, le tue « C'est qu'avec mon arbalète, je tuai l'albatros », et pour cela, son bateau et son équipage sont considérés comme maudits. le bateau s'égare, l'équipage est condamné à mourir de faim et de soif. « Chaque gosier était desséché et chaque oeil était vitreux / comme celui des morts » Mais le vieux marin ne peut mourir, ayant gardé l'albatros mort pendu à son cou sans qu'il puisse l'arracher. Même avec le repentir, il lui faudra encore errer de par le monde « le navire squelette passa près de notre bord, / et nous vîmes le couple jouant aux dés. / "Le jeu est fini, j'ai gagné, j'ai gagné !" dit Vie-dans-la-Mort ; / et nous l'entendîmes siffler trois fois ». Finalement, le bateau arrive dans une anse que surplombe une église « Chaque corps de marin y était étendu à plat et sans vie, et, / par la sainte Croix ! / un homme lumineux, un homme séraphin / se tenait debout sur chaque cadavre. / Cette troupe de séraphins agitait les mains : / c'était un divin spectacle ! ». le marin continue à errer en racontant son histoire.
« C'était un vieux marin ; / trois jeunes gens passaient, / il en arrêta un ». Ceci dit, je préfère la version originale « It is an Ancient Mariner / And he stoppeth one of Three »

Le poème est suivi par « Kubla Khan » et « Christabel ». le premier est un fragment de rêve qui évoque le grand empereur mongol et sa cité mythique, Xanadu. Kubla Khan (1215-1294), ou Kūbilaï Khān est le petit-fils de Gengis Khan, né l'année de la prise de Pékin par les Mongols. On le connait, surtout par Marco Polo qui a séjourné dix-sept ans à sa cour. Xanadu est le nom donné par Coleridge à Yuan Shangdu (capitale supérieure). Elle a été construite au prix du travail forcé de dizaines de milliers d'esclaves, déjà une préfiguration des Ouigours. Elle est située dans l'actuelle Mongolie-Intérieure, à 275 km au nord de Pékin. Mais il n'en reste que des ruines car la cité fut rasée en 1368 lors de la Révolte des Turbans rouges qui a précipité la chute de la dynastie Yuan et son remplacement par les Ming.
Dans « le Livre des Merveilles » (2004, Hatier, 127 p.) Marco Polo décrit la ville, qu'il appelle « Ciandu ». « Une cité... qui se nomme Ciandu, que le grand Kaan qui actuellement règne fit faire. Et il y a un très beau palais de marbre. Les chambres dedans sont toutes peintes à l'or, à images et à figures de bêtes et d'oiseaux et d'arbres et de fleurs de plusieurs manières si bien et si finement que c'est un plaisir et une merveille à voir. Autour de ce palais il y a des murs qui comprennent 16 milles de terres, où il y a des sources et rivières et assez de belles prairies. Et il y a dedans des bêtes de toutes espèces sauvages, non féroces, que le seigneur y fait mettre et qu'il maintient pour donner à manger aux gerfauts et aux faucons qu'il tient là en cage, qui sont plus de 200 gerfauts sans les faucons ». Il y décrit aussi deux iles, une pour les femmes, l'autre pour les hommes. Il y mange du chameau. C'est assez filandreux, il faut le reconnaître.
Coleridge n'avoue pas que son rêve est peut-être teinté d'opium. le tout interrompu par une visite inopportune, d'où la vision inachevée. Mais le poème comporte un remarquable introduction « Un endroit sauvage ! comme saint et enchanté / Comme toujours sous une lune décroissante était hantée / Par une femme gémissant pour son amant démoniaque ! » (A savage place! as holy and enchanted / As e'er beneath a waning moon was haunted / By woman wailing for her demon-lover!). On a déjà tout le romantisme, noir de préférence, anglais, qui suivra avec Ann Radcliffe et Horace Walpole.

« Christabel » est le poème suivant, fantomatique, aux rythmes répétés et lancinants, et va encore plus vers le roman noir, avec un brin d'érotisme, pur l'époque, puisqu'il s'agit d'« Amours Coupables » entre deux femmes. La jeune Christabel, est partie en pleine nuit prier pour son fiancé, dans la forêt qui entoure le château de son père. Elle rencontre Géraldine, Dame fascinante. le plus inquiétant étant que Géraldine a été abandonnée dans la forêt par des chevaliers qui l'avaient importuné. Christabel ramène Géraldine dans le château de son père et, l'invite à dormir dans sa chambre, et même à partager son lit. Au réveil, c'est le père qui tombe amoureux de Géraldine. Manquerait plus que ce ne soit une goule ou une vampire.
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