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Critique de DianaAuzou


Onze chroniques hebdomadaires de Paris pendant la guerre. Onze semaines d'écriture lumineuse, tendre et encourageante pour les parisiens sous l'occupation. Témoignages pleins d'amour d'une vie qui continue et cherche à tromper la misère avec courage, un sourire et la tête droite, refusant la courbure. "J'ai trop connu Paris heureux", nous dit-elle, "pour douter de Paris malheureux." et elle reste à Paris.
Colette fait ces chroniques en réponse au Petit Parisien qui reparaît le 8 octobre 1940, après la débâcle et l'exode.
La guerre au quotidien, vécue et vue autrement par une femme que les douleurs immobilisent. Les restrictions, quelques recettes et une flognarde joyeuse, pour les oublier ou faire semblant, le combat de tous les jours, la vie qui continue, la survie, et le rire qui n'est pas toujours au rendez-vous. "Quelqu'un lit à voix haute, prétendant nous faire rire, une recette gastronomique d'autrefois, je veux dire de 1939 : Vous prenez huit ou dix oeufs...
- A qui ? demande une petite fille qui n'a pas ri."
Le marché noir, le système «trucs et trocs», l'entraide qui réunit les habitants du Palais-Royal, et de ce Paris noir où "les petites lampes de poche, dans la rue, vont leur chassé-croisé", les expositions de poupées anciennes ou de papillons, la vie de Paris, son petit peuple et les animaux, tous soumis aux mêmes privations.
Les livres, bouées de sauvetage auxquelles jeunes et vieux s'accrochent désespérément et oublient la misère. "J'aimerais, en voyant à midi jeunes filles et jeunes garçons libérés pour deux heures de l'atelier et de la banque, lire debout sous les arbres, j'aimerais bien ne pas savoir que c'est là qu'ils déjeunent si vite et de si peu."
La plume de Colette croque des tableaux de tous les jours, et éternise des moments qui seraient à tout jamais disparus, un journal, un témoignage d'un Paris qui continue à vivre avec une quotidienne et fière acceptation. Il n'y a pas de pathos, pas d'emphase, aucune note forcée, mais la ferveur est là, l'humour, le bon sens, la dignité et la grâce. Des chemins se croisent dans ses croquis, des carrefours et des rencontres, des événements sans grande importance, très importants, le précieux de l'existence faite des choses qui passent, peut-être, inaperçues, l'une plus banale et plus surprenante que l'autre, toiles de vies avec leurs ressources et leur résistance immortalisées par une "gratteuse de papier".
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