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Critique de marilyngillaizeau


L'humanité, une cruauté des dieux ?
"L'écume de mer est un chien qui aboie aux étoiles."

Si vivre paisiblement aujourd'hui en temps de « paix » est quasiment une utopie que dire de ceux qui ont réchappé des guerres et de l'exil ?

Un livre poignant à lire où les prairies verdoyantes et les ciels lumineux côtoient posément, poétiquement, la boue des tranchées « de la terre jaune, collante. Dans un monde glissant et savonneux. » qui jaillit de la fumée d'un noir multicolore des souvenirs de l'auteur, en désordre malgré un ordre apparent 1. la maladie, qui « ressort » la guerre trente ans plus tard. 2. le soldat. 3. le déserteur. « Car la mémoire parle une langue étrangère. »

Lire Sunset Park de Paul Auster me sera sans doute plus difficile. Je l'entrevois ainsi. Entre Velibor Čolić et moi, il y a l'écran du non-vécu qui protège les générations ayant pu vivre jusqu'à présent quasi « paisiblement ». L'empathie est présente à la manière dont on peut lire encore les ouvrages contant la misère et la dureté du 19e siècle, Hugo, Dickens, Balzac, Dostoïevski, etc., puis Faulkner pour le 20e… Avec Auster, c'est une tout autre guerre. D'une ampleur inconnue, globalisée contre l'humanité toute entière. Qui se déroule au temps présent et dont nous sommes perfidement, directement et indifféremment, la cible. Peur et puanteur suintent au quotidien.

« Je commence à comprendre que l'écriture est une représentation graphique de ma mémoire. Ce qui m'est arrivé peut-être important pour les autres. On peut guérir l'oubli par l'écriture. Cette merveilleuse architecture qui relie le présent et le passé dans une relation stable. La mémoire se perd, mais l'écriture demeure. L'imbécile se souvient et l'homme sage note. C'est le rôle de la littérature. Pas de réponses, mais de vraies questions. Pour que tout ait l'air aussi "sérieux" que possible, j'écris mes questions au stylo noir et en majuscules. Comme si je voulais crier plus fort que ma solitude. Et que la peur. »

« La littérature est la dernière alliée de la mémoire. La dernière ligne de l'humanité. le papier de tournesol avec lequel nous testons l'acidité du monde. »

« À mesure que la guerre progresse, j'ai le sentiment de devenir un chien. Je commence à sentir de vrais bouquets de nouvelles odeurs. Les fruits avariés et la chair pourrie. L'odeur d'une maison cramée. La puanteur sucrée de la viande trouvée dans le réfrigérateur d'une maison abandonnée. La putréfaction douce d'une vache morte, la puanteur légèrement plus vive d'un cadavre humain. L'odeur savoureuse de l'herbe fraîche alors que je m'allonge face contre terre. Les effluves des feuilles mouillées scintillant sous la pluie du printemps. le parfum sucré des cerisiers en fleur. Un tout nouveau monde s'offre à moi. La puanteur. »


Lien : https://zoegilles.net/guerre..
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