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Critique de Musa_aka_Cthulie


L'autre jour, je cherche vaguement un truc à lire à la bibliothèque (alors que j'ai des tonnes d'autres trucs qui m'attendent déjà chez moi), et je traîne tout aussi vaguement du côté des Philip K. Dick (alors que j'ai des tas de nouvelles et une bio qui m'attendent chez moi)... et de Charles Dickens. Me voilà repartie avec un roman dont j'ignorais jusque-là (ou dont j'avais oublié) l'existence, bien qu'il ait visiblement été emprunté de nombreuses fois. Je n'étais pas plus enthousiaste que ça, en partie parce que ça avait l'air d'un roman policier (or, le dernier en date, ben... voilà, quoi), en partie parce que c'était écrit en collaboration avec Wilkie Collins. Je n'ai rien contre Wilkie Collins, que je connais très peu, mais bon, La Dame en blanc, c'est pas un bon souvenir. Comme j'avais quand même lu un autre roman de Collins (oui, mais lequel ??? J'ai mis une note sur Babelio à La Pierre de lune, or je suis de moins en moins persuadée que je l'ai lu), et, surtout, parce qu'il est difficile de résister au nom de Dickens, je me suis lancée.


Ce n'est pas un roman policier malgré sa publication dans la collection Grands Détectives (d'ailleurs, est-ce bien logique qu'il fasse partie du catalogue?), d'une part, et c'est tout à fait plaisant, d'autre part. Je suis évidemment bien incapable de le comparer à d'autres titres de Collins, mais la patte de Dickens se fait largement sentir, et même plus que ça. Alors non, on ne va pas comparer Voie sans issue à de Grandes Espérances, encore moins à David Copperfield, et même pas à Oliver Twist. On ne peut pas raisonnablement clamer que c'est du grand Dickens, ne serait-ce que parce que c'est court - 180 pages environ - et qu'on ne peut pas faire traîner la lecture pendant des semaines, voire des mois, avec pour objectif de refermer le livre le plus tardivement possible - c'est ce que j'ai fait avec David Copperfield, que j'ai lu comme un feuilleton. Bien au contraire, ce roman-ci se lit d'une traite, pour peu qu'on ait quelques heures devant soi. Ce qui signifie qu'on n'a pas très envie de le lâcher, c'est déjà une bonne chose.


Une fois de plus, je vais asséner ce conseil : ne lisez pas la quatrième de couverture qu'on trouve sur Babelio (celle du livre que j'avais en mains ne disait rien, à part que c'était de Collins et de Dickens et que c'était très bien ; pour les auteurs, on était déjà vaguement au courant, et on imagine mal 10/18 publier "Ce roman est une daube, ne l'achetez pas", mais passons) ; quatrième de couverture qui, donc, à mon sens, en dit trop. Enfin, il faut bien essayer d'accrocher les lecteurs comme on peut ! Il est vrai que pour donner envie aux autres de lire Voie sans issue, on est très tenté de raconter le début de l'histoire, voire davantage.


Entrons dans le vif du sujet (en en révélant le moins possible). Conciliabule nocturne devant l'Hospice des Enfants trouvés, à Londres, entre une mystérieuse jeune femme voilée et une employée de l'hospice. Un nom est prononcé. Seconde apparition d'une femme voilée (est-ce la même ?) dans l'hospice douze ans plus tard, qui approchera un enfant prenant son déjeuner. Ce n'est que l'ouverture, la première partie débute environ quatorze ans après ces évènements à la fois succincts et enveloppés de mystère. Nous faisons connaissance d'un jeune homme négociant en vins qui vient de racheter le commerce de ses précédents employeurs, de s'associer avec un collègue et s'apprête à embaucher une nouvelle femme de charge. Et là, hop, révélations en cascades ! le mystère qu'on croyait être au centre de l'histoire est résolu, pour faire place à un autre. Là-dessus, enquête discrète pour retrouver une personne disparue, confusion(s) d'identité(s), recherches qui mènent à des voies sans issue (d'où en partie le titre, mais pas seulement), drame, histoire d'amour, apparition d'un personnage mystérieux voire douteux, autre intrigue qui débute et éclipse la première, vol et fraude, nouvelle enquête, soupçons, craintes et inquiétude des uns, naïveté des autres, voyage périlleux, vilenie et infâmie, drame encore, amour encore et toujours, et, enfin, le dénouement final.


J'avais quelques craintes au tout commencement de la première partie, car, bien que l'introduction sente Dickens à plein nez, je trouvais ça un peu plat, et à part quelques bons mots, je ne repérais pas suffisamment à mon goût l'humour dickensien, humour qui me fait me pâmer rien qu'en y songeant. En fait, c'est l'une des deux partie à laquelle Wilkie Collins a le plus collaboré et, bon, c'est vache d'imputer les défauts du début à Collins alors que j'en sais rien du tout, mais c'est peut-être (insistons sur "peut-être") la raison de ces premiers paragraphes un peu mous. D'ailleurs, on sent tout de même déjà Dickens dans la façon de parler de Walter Wilding (le négociant en vins susmentionné), qui invariablement commence ses phrases par "Mon point de vue est que" et les termine en s'adressant à son interlocuteur par les mots :"Je ne sais pas si c'est votre point de vue, mais c'est le mien." de toute façon, dès l'entrée en scène de l'associé de Wilding, donc très vite, on va bel et bien retrouver l'humour si typique de Dickens. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi personne n'a songé à créer l'étiquette "humour" pour la fiche Babelio de Voie sans issue.


Vous avez deviné avec mon résumé qu'on retrouve ici des motif chers à Dickens, dont les sous-intrigues qui deviennent des intrigues à part entière, sans compter le drame, et même le mélo, le rythme trépidant par moments (souvent, en fait), les personnages hauts en couleurs, ou trop naïfs, ou encore vachement sournois, tout ça mêlé au roman à énigme qui fait encore aujourd'hui le succès de Collins. Je n'irai donc pas jusqu'à prétendre qu'il s'agit là du meilleur des deux auteurs, mais juste qu'on s'amuse beaucoup et qu'on ne s'ennuie jamais avec Voie sans issue. Ce qui est déjà une prouesse en soi.


(Arf, c'est vraiment pas facile d'acrire, non, d'écrire, avec un chat qur, non pas qur mais sur les genoux, qui en sus cherche à participer activement en poussant vos mains avec son nez. Je viens donc moi-même d'accomplir une petite prouesse.)
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