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Critique de Nastasia-B


Pinocchio, c'est un peu comme les Fables de la Fontaine, tout le monde connaît un peu mais lorsqu'on demande qui les a lues entièrement, il n'y a plus grand monde autour de la table.
Beaucoup de gens s'imaginent connaître Pinocchio parce qu'ils ont vu l'adaptation cinématographique de Walt Disney ou, un peu plus récemment, de Roberto Benigni. Je suis la première à dire que l'adaptation Disney est vraiment superbe par rapport au livre dans le cas du Livre de la Jungle de Kipling, par exemple, voire même des contes des frères Grimm. Par contre ici, avec Pinocchio, quel appauvrissement, quel abaissement, quelle perte de portée !
Non, vous NE connaissez PAS Pinocchio si vous avez SEULEMENT vu le petit dessin animé gentillet qui en est issu.
Pinocchio c'est certes une histoire pour enfant qu'on peut lire par épisodes aux petits à partir de cinq ans, même si six ou sept ans semblent mieux convenir. Il faut prévoir quelques soirées car il y a tout de même 36 chapitres (au rythme d'un ou deux voire trois chapitres par jour maximum).
Cependant, la quintessence de Pinocchio, c'est tout de même que l'enfant le lise seul et plutôt vers 8-10 ans où il constitue un véritable roman jeunesse.
Le Pinocchio de Carlo Lorenzini, alias Collodi, est une oeuvre foisonnante, bourrée d'humour et de niveaux de compréhension, toute l'histoire est une allégorie et en son sein, beaucoup de situations ou de personnages sont des symboles.
Pinocchio est une allégorie de l'enfance et de l'éducation. le petit pantin de bois représente l'enfant turbulent, qui fait une crise pour tout et n'importe quoi, qui refuse en bloc toutes les contraintes parentales mais qui, peu à peu, parce que la vie se chargera de l'accabler, finira par comprendre l'importance et la portée des conseils de ses parents ainsi qu'à les aimer un peu plus qu'il ne le fait au départ où il se croit invulnérable et libre de tout.
Évidemment, il n'a pas de maman, mais vous aurez compris que la bonne fée bleue symbolise toutes les mamans du monde et que seule une maman pourrait avoir autant d'indulgence et de bonté pour pardonner à Pinocchio ses mille et une facéties.
Collodi imprime aussi à son livre une forte valeur de moralisation où le travail y est représenté comme le seul repère tangible, outre la famille, auquel l'enfant doit se raccrocher.
Il met aussi en avant l'importance de l'entraide (épisode du chien du policier, du thon), de ne pas se défausser sur les autres ou accuser les absents (épisode du chien mort qui avait fait un pacte avec les fouines).
Cependant, LA grande valeur professée par Collodi, c'est celle de l'école, celle qui lui permettra d'accéder à un travail honnête, celle sans laquelle il se transformera, au propre comme au figuré, en âne.
L'auteur parle aussi et surtout et longuement et constamment de misère, et de ses éternels roublards et maraudeurs qui essaient d'exploiter cette misère et cet espoir de rapide gain d'argent.
Ce qui est intéressant, et ce que les enfants qui le lisent perçoivent bien, c'est que le personnage de Pinocchio évolue au cours du roman (et ce qui n'apparaît pas du tout dans le film de Disney, où il est toujours assez gentil) d'imbuvable au départ il s'amende peu à peu, certes pas de gaieté de coeur, il lui faut toujours expérimenter une déconvenue, certes rien n'est jamais acquis et il est fréquemment retenté par ses vilains démons de l'oisiveté et du mensonge, mais par touches successives, il grandit, il se responsabilise et, clin d'oeil notable de Collodi, il devient "un petit garçon", alors que nous autres, quand nous constatons de tels progrès avec un vrai petit garçon, nous disons "tu deviens grand". À méditer...
En somme, chers petits Pinocchio de la Terre, si vous voulez être de bons petits garçon, respectez vos parents, n'hésitez pas à tendre la main aux personnes dans le besoin, travaillez à l'école et en dehors, et… méfiez-vous des grands requins qui rôdent, prêts à vous avaler tout cru.
Bref, une superbe allégorie à mettre entre toutes les mains, plus encore pour ses qualités littéraires que pour son côté moralisateur et que je recommande vivement et plus que jamais, mais ce n'est là que mon avis, mon tout piccolo d'avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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