Quand je me lave les mains, une eau grise tombe dans l'évier. J'ai emporté un peu de son chagrin avec moi et il s'échappe par le trou qui mène aux égouts. S'il ne me colle plus aux doigts, il me reste bien en tête. (p. 40)
Papa se replonge dans son journal. Cette satanée misère du monde l'encombre. Et, comme il ne sait pas quoi en faire, il la range dans un coin de sa tête pour l'oublier. Pareil que les cartons au fond de la buanderie. Mais moi, je n'abandonne pas les cartons. Alors les vrais gens, n'en parlons pas ! Une personne, ce n'est pas la terre entière. L'aider, ça ne doit pas être si compliqué. (p. 33)
- Tu dois suivre les lignes, Ernest.
- Laisse-moi tranquille !
Je le sais bien, mais je ne réussis jamais. Mes lettres refusent d'aller tout droit. Elles préfèrent ce qui est de travers. Elles suivent le chemin qui leur chante. Comme moi. (p. 27)
Madeline a noué le cordon de son capuchon vert, bien serré autour de son menton. Elle n'est pas du genre à désobéir. Elle croit aux "il paraît" inventés par les gens pour faire peur. Mais la peur ce n'est pas un paquet de bonbons. Ça ne devrait pas se partager. (p. 10)
Cette satanée misère l'encombre. Et, comme il ne sait pas quoi en faire, il la range dans un coin de sa tête pour l'oublier.