Avant toute chose, une précision : je ne connaissais absolument pas
Hervé Commère, n'ai jamais rien lu de lui et ne sait donc pas dans quel genre il excelle habituellement. Tout ce que je peux vous dire, c'est que
le deuxième homme n'est en aucun cas un thriller. C'est certes glaçant et relativement oppressant, mais il n'y a ni sang, ni enquête, ni psychopathe. Si vous cherchiez, comme moi peut-être, un simulacre de
Mo Hayder ou de
Sire Cédric, passez votre chemin.
Sans cela, j'ai passé un bon moment. Il se lit vite et bien, et c'est tant mieux : je vais pouvoir attaquer ma semaine avec une toute nouvelle lecture, et cela me réjouit.
Ce n'est pas pour autant une lecture tranquille : elle laisse comme un arrière-goût en bouche, à la fois aigre et amère. le livre est divisé en quatre parties, quatre enveloppes, chacune analysant la relation unissant un homme à une femme sous un jour nouveau. Et si l'on voulait être exact, il faudrait formuler cela ainsi : l'homme analyse, via quatre périodes successives, la relation qui l'unit à sa compagne, et lui relate le tout. L'homme, c'est Stéphane. Fils d'un fantôme et d'une bouteille de gin, comme il aime à se le rappeler, il est profondément meurtri par son enfance passée sous les humiliations successives de ses petits camarades. La femme, c'est Norah. Au départ, on ne sait presque rien d'elle, et Stéphane n'en sait pas beaucoup plus. Ayant vraisemblablement perdu toute sa famille dans un accident de voiture, elle n'est que peu encline à s'épancher sur son passé. Ces deux-là vont se rencontrer, s'unir, s'aimer. Et Stéphane va croire en sa guérison. Va croire qu'il peut, lui aussi, avoir une belle vie. Se venger de ces premières années qui l'ont terriblement blessé. Jusqu'au jour où il va tomber sur une photo surgissant tout droit du passé de Norah, une photo qui va faire voler en éclat le monde qu'il s'était construit.
Si l'élément déclencheur n'arrive qu'au premier tiers, voire à la moitié du roman, on sent dès le début que quelque chose ne va pas. Comme une malaise diffus. Quelques mots glissés par ci par là, une volonté du narrateur, de Stéphane donc, de ne pas tout gâcher en racontant la suite tout de suite, en y venant trop rapidement... Ce qui provoque notre curiosité, fatalement, même si l'on sait d'avance que la vérité ne sera pas belle à voir. Et quand on y est, on prend conscience de l'ampleur de la putréfaction qui gâche cette relation qui semblait si belle au départ. Et l'on se demande si, réellement, il existe un espoir de guérison.
Il est difficile de s'attacher à Stéphane. C'est un homme brisé, et cela se sent dès les premières lignes. Mais... Il cache si bien la chose qu'il en deviendrait presque inquiétant. Je me suis souvent demandé jusqu'où il allait aller, jusqu'où cette photo allait le conduire. Même s'il n'a rien d'un psychopathe, d'un meurtrier ou quoi que ce soit d'autre. Et puis... j'ai été touchée par les sentiments qu'il entretient à l'égard de sa femme. Même s'il est écrasé par le poids des révélations dont il a eu connaissance, il continue de faire bonne figure.
Norah est un personnage extrêmement mystérieux. Elle n'a jamais la parole et, sincèrement, j'aurais bien vu un second opus pour lui donner la chance de se défendre, de s'expliquer. Je ne pense cependant pas que cela soit possible, vous comprendrez pourquoi en lisant celui-ci. Il est difficile de la juger, du coup. En vérité, elle pourrait être attachante. Si... il n'y avait pas eu cette photo. Car, comme Stéphane, on ne peut comprendre. Ou à demi-mot, seulement.
Je ne voudrais pas vous en dire trop, de peur de vous gâcher la lecture. J'ai trouvé ce livre très ambivalent, dans le sens où je l'ai trouvé à la fois beau, dans la pureté des sentiments de Stéphane, et glaçant, dans ce qu'il raconte. le style de
Hervé Commère se prête très bien à ce petit jeu, tout comme la narration : des chapitres courts et incisifs, nous faisant voler de pages en pages.
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