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EAN : 9781534321694
176 pages
Image Comics (18/01/2022)
5/5   1 notes
Résumé :
A recent string of violent events leads Sheriff Joe Bob Coates down the long and winding road of memory to a dark night in September 1981 that saw a boy killed, a girl missing, and a dangerous cult on the loose in Ambrose County, Texas.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La rationalité est-elle compatible avec un crime de sang ?
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Ce tome fait suite à Texas blood, tome 1 (épisodes 1 à 6) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2021, écrits par Chris Condon, dessinés, encrés et mis en couleurs par Jacob Phillips qui a également réalisé les couvertures. Il contient également les couvertures alternatives réalisées par Marc Aspinall, Tony Stella, Stanley Chow.

À Ambrose County, au Texas, le shérif Joseph Robert Coates est assis sur un banc de la paroisse, attendant le retour du Pasteur Orozco. Joe Bob évoque les meurtres récents, et il éprouve l'impression que sa ville est infectée par quelque chose qui la fait pourrir de l'intérieur, la fait noircir. Il a toute confiance dans la Loi, mais celle-ci semble sans effet sur ce phénomène. le pasteur lui fait observer qu'il lui a déjà tenu un tel discours : c'était en 1981, l'affaire du culte sataniste. Joe Bob nuance un peu : ce n'était pas vraiment des adorateurs de Satan, et ça ne s'est pas produit à minuit. Ils vénéraient une sorte de dieu chauve-souris, ou un truc dans le genre, mais effectivement sa sensation est de même nature à ce qu'il a pu éprouver à l'époque. le pasteur lui rappelle ce qu'il avait fait à l'époque : continuer à se battre. C'est ce qu'il recommande à Joe Bob de faire maintenant : continuer à se battre. le shérif sort de l'église et se rend au magasin de hobbies de la petite bourgade. Il commence à regarder les rayonnages, et le propriétaire Ronaldo lui indique qu'il a une nouveauté pour lui : une maquette d'avion modèle Grumman Skyrocket, un prototype de la marine avec un bimoteur. le commerçant fait un commentaire sur un nouveau dans la famille Coates : le shérif acquiesce, un chat errant qu'ils ont appelé Zira, comme le docteur dans a Planète des singes. Il prend la maquette, la paye et rentre chez lui.

Le soir, il s'installe à son bureau et commence à séparer les pièces à l'aide d'un cutter. Il se coupe, et demande à sa femme Martha de lui apporter une serviette. Elle le taquine en lui disant que s'il s'est coupé, il va chercher sa serviette, mais lui apporte et fait un pansement. Il regarde par-dessus l'épaule de son épouse et voit une coupure de presse accrochée sur un tableau : Eversaul et un officier de police locale mettent fin au règne de terreur satanique, dans une face à face déconcertant à minuit. Il se rend compte que cet événement s'est produit il y a exactement quarante ans à ce jour. Sa femme se dit que le temps file vite. Il répond qu'il parlait justement de ce cas avec le pasteur : la jeune fille disparue, le garçon mort. Elle se souvient de son nom : Darrin Freeman. Elle lui conseille de ne pas trop s'immerger dans ces souvenirs, et d'ailleurs une sonnerie indique que le diner est prêt. La nuit, Joe Bob n'arrive pas à dormir. Il se lève sans réveiller sa femme, va récupérer un paquet de clopes planqué dans une coupe, et va s'en griller une sur les marches de l'entrée. Dans la nuit, il croit voir une silhouette avec une cagoule devant la maison en face. Une illusion.

Le premier tome avait impressionné le lecteur : un polar à partir d'un crime très banal, une enquête menée par un shérif de soixante-dix ans ayant conservé toute ses capacités physiques, mais étant moins rapide, une narration visuelle naturaliste, un peu dépouillée, installant des ambiances palpables. le lecteur revient avec un plaisir anticipé pour un deuxième séjour dans cette petite ville, avec comme horizon d'attente un autre meurtre et une enquête naturaliste sans fadeur. Il retrouve immédiatement cette ambiance de petite ville : la connivence entre le pasteur et le shérif qui repose plus sur du respect que sur de l'amitié, le commerçant de jouets et passe-temps qui connaît bien les goûts du shérif et dont l'épouse a papoté avec celle du shérif, le petit-déjeuner tranquille dans le diner du coin entre le shérif et la policière Ana, évoquant leur enfant respectif. L'histoire raconte en fait une affaire criminelle s'étant déroulée quarante ans plutôt dans la même petite ville, avec là aussi cette même sensation de petite communauté tranquille : la familiarité paternaliste du shérif Sam Cooper avec ses adjoints, la visite de Joe Bob à la mère de la victime qu'il connaît bien car leurs enfants jouaient ensemble dans leur jardin respectif, la défiance vis-à-vis de l'étranger venant de la grande ville (Los Angeles en l'occurrence), la déstabilisation générée par le fait de reconnaître des voisins dans les suiveurs du gourou.

Le lecteur retrouve les dessins de Jacob Phillips qui peuvent faire penser à ceux de son père Sean, en moins aboutis, mais ce n'est pas très honnête de les réduire à ça. L'artiste reste dans un registre plus descriptif que son père, sans cette dimension expressionniste. Il est plus attaché à raconter au premier degré et à montrer, avec déjà un sens développé de la manière de focaliser ses cases sur ce qui fait l'essence du lieu, du personnage, ou de la situation. Il dessine dans un registre descriptif, sans se focaliser sur la minutie des détails, sans aller vers l'abstraction, mais sans non plus se contenter du simplisme dépouillé. Dans la première case, le lecteur voit l'église avec son architecture simple, une nef et un clocher, posée au milieu d'une plaine, avec les stèles funéraires autour : cela suffit à comprendre la nature du bâtiment, tout en le montrant dans un lieu et une configuration unique, évoquant une petite communauté rurale. L'intérieur est représenté avec la même simplicité, avec des bancs qui ressemblent bien à des bancs. Dans le magasin de Ronaldo, l'artiste représente des étagères chargées de toutes sortes de boîtes : il est possible d'en voir la variété, sans pour autant distinguer les illustrations sur les couvercles ou les inscriptions. Par la suite, le lecteur se projette avec la même sensation de réalisme dans le petit bureau un peu étroit de Joe Bob, sur son porche, sur la banquette du diner, dans la voiture de police, dans la belle demeure à l'écart de Terry Wellman ex-photographe rock.

Cette apparence d'évidence sert tout autant la plausibilité des personnages : le vieux shérif aux gestes posés et à la mine endurcie, la policière Ana au visage plus expressif aux gestes plus amples, Martha au regard attentionné même si elle rembarre gentiment son mari, le shérif Sam Cooper au caractère pas commode, Terry Wellman immédiatement suspect avec ses cheveux longs et sa morgue, Harlan Eversaul tout aussi suspect avec son langage châtié, ses bonnes manières et son assurance un peu trop appuyée. le lecteur côtoie des êtres humains normaux mais pas insipides, se demandant qui ils sont vraiment, comme le font les policiers. Il retrouve cette évidence apparente, cette normalité banale, celle du quotidien familier qui fait qu'on ne se pose pas plus de question que ça sur son voisin. de la même manière, il ne se demande pas trop pourquoi le scénariste a choisi de raconter son histoire sous la forme d'un retour en arrière en arrière évoqué sous forme de souvenir par le shérif Joseph Robert Coates, 70 ans, à son adjointe. Il prend les choses comme elles viennent : une possibilité de meurtres rituels dans cette petite ville du Texas dans les années 1980, un culte satanique. Chris Condon n'en rajoute pas dans le sensationnalisme, au contraire il reste dans une approche très terre à terre. L'horreur des meurtres : des cadavres à la tête coupée. L'intrusion de deux étrangers : un ex-photographe rock avec une forte vraisemblance qu'il s'agisse d'un drogué du point de vue de la police locale, un détective privé qui évoque un lien avec un culte rendu à un dieu chauve-souris maya. À l'évidence, l'environnement très banal et sans histoire d'Ambrose County réduit drogues et culte à leur réalité basique : au pire un alcoolique violent pitoyable et un canular.

Dans le même temps, la perspective temporelle créée en racontant l'histoire comme passée atteste de l'empreinte durable qu'elle a laissée dans l'esprit du shérif, du drame bien réel. Comme dans le tome précédent, un personnage évoque les valeurs de son père, cette fois-ci sur ce qui fait un homme bon. Pour être un homme bien, peut-être même décent, il faut prendre soin de soi, et personne ne s'en plaindra. Pour être un homme bon, alors il faut prendre soin des autres, quels que soient les tracas que cela peut attirer. Ce principe permet d'expliquer pour partie les convictions et le comportement du shérif Joe Bob Coates, mais aussi sert de point de comparaison avec le comportement et les motivations des criminels. En effet, la réalité du meurtre est établie dès les premières pages, d'abord avec les coupures de presse de l'époque, puis avec les cadavres retrouvés en 1981. C'est tout l'art du scénariste de montrer comment Joe Bob, jeune policier à l'époque, doit parvenir à s'affirmer face au shérif pour acquérir l'autonomie attendue de lui, mais aussi comment il doit envisager une configuration comportementale, un système de pensées sortant de son quotidien, pour pouvoir progresser dans son enquête, tout ça en sachant que les heures tournent, et qu'il faut qu'il retrouve au plus vite la fillette qui a été enlevée. Comme dans le premier tome, les auteurs racontent une histoire avec un ton factuel qui semble désamorcer toute possibilité de dramatisation, de spectaculaire, mais qui ce faisant rend les personnages très normaux et humains, sans effet de manche, rendant leur comportement très proche du lecteur.

Condon & Phillips emmènent le lecteur auprès d'un shérif âgé qui raconte une de ses enquêtes sur des meurtres, datant de quarante ans. le dessinateur montre tout ça avec calme, de manière posée et naturaliste, et le scénario se déroule dans le même ton. Pour autant, la fadeur n'est pas de mise : le lecteur éprouve la sensation d'évoluer dans cette ville en côtoyant ses habitants, et de chercher des pistes de manière rationnelle, sans se laisser gagner par le sensationnalisme de l'époque sur les sectes sataniques. Comme Joe Bob, il s'interroge sur quel comportement monstrueux est le moins improbable, pour rechercher le coupable, se confrontant ainsi à des actes criminels bien réels, semblant tellement inimaginables et incompatibles avec ce que pourrait faire un être humain normal, que cela pose la question sur l'existence du mal.
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