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Critique de Laurence64


Félicitée trois fois lors de l'acquisition du poète (par le libraire lui-même et deux amateurs qui se trouvaient là), je frétillais d'aise et mon ego en aurait rougi, le bougre.
Je détenais, semblait-il, l'une de ces oeuvres majeures de la littérature noire qui ne saurait se laisser oublier. Fière de mon choix!

Sauf que, le poète est un thriller. Ce qui signifie une intrigue haletante, des rebondissements qui rebondissent notamment en seconde partie de l'oeuvre, un sérial killer,, etc. Et que le thriller n'est pas un roman policier fût-il truffé de policiers, d'enquêteurs, d'agents du FBI… Un thriller c'est un bon moment de lecture-détente (ou pas) dont il ne reste le plus souvent pas grand chose. Lehane mis à part avec son shutter Island mais Lehane est un écrivain de romans policiers et de romans noirs.

Donc, j'ai lu un thriller. Sans ennui, sans agacement pendant une bonne partie du roman mais risqué-je la lapidation si j'expose ma déception qui est allée croissante? J'anticipe les réactions; j'ai piqué une armure dans un quelconque château médiéval, je m'harnache et me lance. Même si gantelets et clavier informatique ne font pas bon ménage.

La construction classique alterne entre démarrage d''une enquête journalistico-personnelle (le suicidé assassiné est le jumeau d'un journaliste) et apparition d'un vilain pas beau antipathique pédophile. L'enquête journalistique devient enquête fédérale avec son assortiment de flics semblable aux boîtes de chocolats de Noël. Toujours le même assortiment. le chocolat noir costaud amer. La jolie nougatine craquante. le chocolat fourré à la pâte tendre… Allez! Ce n'est pas leur manque d'originalité qui les rend moins savoureux mais les surprises seraient les bienvenues. Et puis dans l'assortiment de chocolats, on a ici une pâte de fruit, laquelle succombera forcément à la nougatine pour une liaison épisodique sous l'oeil malveillant du costaud amer.
Et oui! Jack le journaliste a le béguin pour la ravissante Rachel (forcément ravissante). Et la charmante nougatine avait été mariée avec le chocolat amer. Les relations se tendent dans la boîte enrubannée du FBI.

Bref, tout ce petit monde est sur les dents après avoir découvert (à l'initiative de Jack privé de scoop) qu'un sérial killer oeuvre depuis plusieurs années dans un total anonymat, chacun de ses trucidés ayant été déclaré suicidé.
On épluche les suicides de flics ayant eu le bon goût littéraire de laisser derrière eux une phrase issue de l'oeuvre d'Edgar Allan Poe, après avoir été perturbé par des meurtres pédophiles.
Peu à peu, le vilain pervers photographe livre toute son abjection. le projecteur se braque sur lui. Mais mon mauvais esprit n'est jamais parvenu à accepter l'idée que ce Gladen émoustillé par les fossettes enfantines adorait trucider le policier pendant ses temps de loisirs. Même si, quand même, on ne sait jamais.

Dans tout ce rififi politico-journaliste où chacun voudrait bien tirer la couverture à soi, la psychologie a déserté les lieux. Parfois, elle s'accoude au comptoir, une façon de prouver que dans toute cette action bien construite et bien menée, elle existe un peu. Mais alors un peu. du genre fantomatique. Rien à voir avec Lehane (je crois que je tourne mono-maniaque)
Le traumatisme enfantin de Jack le liant à son jumeau équivaut à un emplâtre sur une jambe de bois. Il n'apporte rien à la psychologie du personnage. Mais il semble désormais qu'une règle existe dans le thriller. Tout héros doit avoir subi un traumatisme enfantin, quelle que soit son utilité dans la trame. Ça garnit.

La psychologie de comptoir, de passage, évoque un vide pour expliquer le doute injustifié de Jack envers celle qu'il aime. Si ce doute avait été lié avec son passé, j'écouterais Tino Rossi en boucle afin de me punir. Mais non, juste un vide. Edmond dirait: "Un vide! C'est un peu court jeune homme!" Imaginons donc un vide existentiel, ne cédons pas au vertige et enjambons.

Enfin, le coupable, sorti du chapeau après deux rebondissements, avait probablement zigouillé la psychologie en même temps qu'une de ses victimes. le coupable est coupable. Il y a t-il un psychiatre dans la salle?
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