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Critique de MarcelP


Nouvelle ambiguë, Falk : un souvenir augure dès son titre du clair-obscur dans lequel elle se dissout. Ce récit est en effet constitué d'un souvenir (a reminiscence) comme la résurgence d'une source que l'on croyait tarie, des images immémoriales qui semblent remonter à la surface d'une conscience volatile. Son personnage central est ce Falk dont le nom évoque de possibles dérivés : false, falsch, faux... f(alk) For Fake !

Conrad laisse sa plume à un narrateur anonyme : celui-ci remonte dans ses souvenirs pour rapporter des faits dont une grande partie provient de la confession du personnage-titre et dont la véracité implicite est polluée par des ragots émoussés. Autant dire que l'on navigue dans le brouillard...

Thaï Song : Cette rumeur, le Chao Praya...? Oui. Cette lumière ? La mousson. ...aucun vent... ...cette poussière... ? Bangkok...

Le narrateur, alors commandant d'occasion d'un navire fatigué, passait ses longues soirées à bord du Diana, une sorte de chalet bavarois flottant, propriété de la famille Hermann (le père, jovial et sanguin, la mère plantureuse machine à marmots et une nièce innommée, accorte et muette Vénus de Willendorf -de tout le récit nul son ne sortira jamais de ses lèvres purpurines-). Vaguement épris de la jeune vierge, notre conteur devait cependant souffrir la présence d'un ombrageux rival, Falk, le patron de l'unique remorqueur du port. Quelques clabaudages de la part de l'aubergiste Schomberg (on pense à Akim Tamiroff dans Touch of Evil) attisèrent le malentendu entre les deux sigisbées de la donzelle aphasique jusqu'au moment où, le narrateur s'étant retiré du jeu, Falk crut bon d'accoucher de son terrible secret... Que cachait-il sous sa barbe (bleue) ? Pourquoi ce régime ichtyophagique ? Et cette manie de passer "la paume des deux mains sur la figure en frissonnant légèrement, presque imperceptiblement" ?

Grinçante, cette séduisante nouvelle de Conrad, entre ombre et lumière, nous égare dans des contrées d'épouvante, celles d'un coeur ténébreux.
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