AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Thaddeus


Roman dépaysant.
Kaspar Almayer est un homme ordinaire, mais il semble au mauvais endroit. On en ressent un profond malaise, du début à la fin. Sa chute est inévitable. Comme un poisson hors de l'eau, il n'est pas à sa place. Mais on dirait aussi qu'il ne se rend compte de rien. Il lui manque de la sagesse. Ses ambitions sont impuissantes, folles et elles reposent sur du vide. Il lui manque cet état d'esprit qui forme les grands hommes. Il lui manque ce tonus guerrier. Il n'est pas un de ces héros qui dévorent le monde. Représentant du capitaine Tom Lingard, il n'est pas de la même trempe que lui. Il n'a vraiment rien d'un héros. C'est un peu comme s'il était une épave de la civilisation, perdue dans les profondeurs de la sauvagerie. Une civilisation que personne ne désire. Il est furieusement atteint d'une forme particulière de bovarysme. Un bovarysme qui s'attaque aux hommes en manque de trésor et de fortune.

Dans ce roman, il y a de très belles pages décrivant les états d'âme des personnages. Je pense, entre autres, à celle de Taminah, une jeune esclave encore vierge de tout sentiment, qui reste un personnage secondaire du roman. Portrait sentimental fait au chapitre VIII : «Dans cette souple silhouette droite comme une flèche, si gracieuse et si aisée dans sa démarche, derrière ces yeux doux qui n'exprimaient rien de plus qu'une résignation inconsciente, dormaient tous les sentiments et toutes les passions, tous les espoirs et toutes les craintes, la malédiction de la vie et la consolation de la mort.»

Malgré le fait que j'ai trouvé l'intrigue floue au début, cela reste un très bon roman à cause de la richesse de l'écriture et de l'exposition admirable des sentiments humains. On ne peut s'empêcher de regarder la déchéance et l'agonie de cet homme qui au fond n'est peut-être que victime de la malchance.

La préface retrace le chemin que parcoure Conrad pour aboutir à ce premier roman. Roman qui fut composé un peu partout dans le monde et qui faillit à plus d'une reprise d'être égaré par son auteur. Roman de toutes les dissensions. Roman sublime.
Commenter  J’apprécie          81



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}