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Critique de MarcelP


Alvan Hervey, grand bourgeois londonien, compassé et corseté, rentre plus tôt que prévu à son domicile où l'attend une courte lettre de son épouse lui annonçant qu'elle le quitte pour un autre.

Sensible au qu'en-dira-t-on et désireux de garder son flegme en toute occasion, il s'apitoie d'abord sur son propre sort et s'ingénie à trouver le meilleur moyen de garder la tête haute face au petit monde dans lequel il évolue. Las, l'épouse infidèle (qui n'a pas vraiment pris le temps de l'être) rentre inopinément pensant avoir le temps d'effacer la preuve de sa sortie de route et désireuse de rentrer dans le rang. Une explication s'impose entre ces deux étrangers...

Conrad, dans cette longue nouvelle aigrelette, dissèque le cadavre encore chaud d'un amour qui n'en avait que le nom : entre un époux aveuglé par les conventions et qui confond le sentiment amoureux avec le ronron du conformisme et sa légitime avide de romantisme, de passion mais elle aussi esclave d'un conservatisme de classe, la vision idyllique du couple implose. Tels "deux habiles patineurs qui dessinent des figures sur une glace épaisse pour éblouir les spectateurs, et qui ignorent dédaigneusement le flot caché, le flot mouvant et sombre, le flot de la vie, profond et hors d'atteinte du gel", les Hervey ont fait le choix de la cécité du coeur.

Proche de James, Conrad, dans ce récit saturé de miroirs, nous donne l'occasion d'ausculter nos propres reflets. " L'amour le plus exclusif pour une personne est toujours l'amour d'autre chose." écrit Proust, ici la notabilité, la respectabilité et l'orthodoxie, là la peur de l'inconnu et du jugement.

Une démangeaison littéraire avec une fin pour le moins surprenante car paradoxale.
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