On prête à l'être aimé toutes les qualités, même et surtout les plus imaginaires, et l'on n'en démord plus, car renoncer aux splendeurs des premiers temps, c'est mourir de son rêve - insupportable déchéance.
Je vais rester muette comme une tombe, j'enterre (ou j'en taire) mes maux dans le carnet.
Rien ne nous transporte jamais autant que ce qui se pare de la beauté de l'autre.
J'avais bien compris, dès le collège, grâce à madame Beaulieu, qu'il y avait des textes chiants à lire mais passionnants à étudier, et des romans passionnants sur lesquels il n'y avait finalement pas grand chose à dire. Et que les deux étaient légitimes, le loisir et l'étude, le divertissement et l'analyse, qu'il ne fallait pas vouloir choisir - son camp. Que la littérature n'était pas un champ de bataille, mais une montagne, avec des degrés d'altitude et des sentiers de randonnées plus ou moins ardus, les uns comme les autres menant à un point de vue. C'était cela qui comptait. Arriver quelque part... et contempler.
Je pensais à l'histoire des trois petits cochons que j'avais tant lue étant gamine et qui m'avait donné le goût des maison en brique, des maisons dures, et solides.
Ce que l'histoire ne dit pas, c'est que parfois le loup est déjà dans la maison et en brise les fondations, de l'intérieur.
Il ne parle pas. Il s'exprime avec son corps. Et ça, oui ça, on ne l'apprend pas à l'école. On nous enseigne la grammaire, l'orthographe, la conjugaison, la ponctuation- on passe sous silence tout ce qu'un humain dit avec son corps et qui dit tellement plus que tous les mots du dictionnaire, bien ou mal orthographiés
C’était une occupation à plein-temps, pour ainsi dire - arpenter son idéal à lui, essayer de m’y conformer pour ne pas déchoir, pour ne pas mourir. Je me sens enterrée vive dans le mausolée de cette passion de marbre dont je n’ai pas su être digne.
Oui les vampires existent. Ce n’est pas une fiction. J’en ai rencontré un. Simplement, ils n’ont pas l’apparence qu’on leur prête. Ils ne sont pas morts, mais ne tolèrent pas la vie.
Le docteur Lacasse dit qu’il faut « parler ». et peut-être parce qu’il m’a dit de parler, je n dirai rien, j’écrirai tout. Par plaisir de ne pas lui obéir. Parce que je ne veux plus obtempérer, mais. Personne encore ne semble l’avoir compris, mais c’est ainsi que je vais me reconstruire. Je vais ramasser un à un les morceaux de moi éparpillés au sol, les recoller, leur redonner forme humaine. Et je le ferai seule. Car on ne sait jamais entre les mains de qui on met sa vie.
Dis seulement une parole, et je serai guérie.