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Critique de kuroineko


Quatrième opus des Nouveaux Mystères de Marseille (clin d'oeil en passant à Eugène Sue) de Jean Contrucci, Double crime dans la rue Bleue m'a été offert par mon libraire pour l'achat de deux autres Livres de Poche. le titre m'évoquant inévitablement Double meurtre dans la rue Morgue d'Edgar Allan Poe, il avait de quoi suscité ma curiosité.

L'histoire démarre tambour battant puisqu'un brave (et notoirement ivrogne) allumeur de réverbère découvre au pied de l'un d'eux le corps raccourci de sa tête et de ses mains d'un homme poignardé. A 6 heures du matin, dans la froidure du février marseillais, voilà de quoi choquer.
Nous sommes en 1903, les processus criminologiques balbutient encore même si Bertillon a mis en place son système. L'enquête démarre sous les ordres du commissaire divisionnaire de la Sûreté Eugène Baruteau. Mais l'on suit plutôt son neveu et quasi fils Raoul Signoret, reporter au Petit Provençal, qui s'investit dans la recherche d'informations et d'indices. Surtout que l'affaire se corse avec l'apparition d'un second cadavre.

Jean Contrucci nous transporte dans le faubourg de la Belle de Mai de la Belle Époque, quartier populaire qui ne manque pas de voyous et autres barbeaux préférant vivre des femmes qu'ils mettent sur le trottoir plutôt que se retrousser les manches. La fameuse rue Bleue s'étend entre une caserne et une manufacture de cigares et cigarettes où les confectionneuses ont le verbe haut et le caractère fort. Ça vous a un petit côté Carmen provençal! Jean Contrucci multiplie les références tout au long du récit : à l'héroïne de Merimé bien sûr, mais également à Victor Hugo et autres grandes plumes des décennies précédentes.

L'auteur construit son intrigue comme un feuilletoniste du XIXème siècle, avec notamment des intitulés de chapitre très longs sur le mode : "Où l'on apprend que...". le style est très envolé et énergique, fourmillant de chaleureuses locutions en dialecte marseillais et provençal. Les personnages fonctionnent selon des rôles classiques du genre : le héros est héroïque, le boulanger bon comme du bon pain, l'instituteur digne représentant des hussards noirs de la République, etc. Les répliques entre l'oncle et le neveu ne manquent pas d'humour; et si les jeux de mots et humour noir ne sont pas toujours de la plus grande finesse, il en émane une fraîcheur vive et plaisante.

Double crime dans la rue Bleue se lit facilement et avec plaisir. Ça n'est pas la lecture de l'année certes, et bon nombre de points se devinent rapidement, mais le récit se révèle au final fort sympathique. Si l'occasion se présente, je retrouverai volontiers Raoul et sa Cécile ainsi que l'oncle Eugène bourru mais au grand coeur.
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