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Critique de jeranjou


L'auberge espagnole revisitée à la sauce tralienne... (1)

Auteur recommandé chaudement par une proche la semaine dernière, je me suis empressé d'emprunter et de croquer le roman « A coup redoublés » de Kenneth Cook.

Comme vous l'avez peut-être remarqué, je saute de Cook en Cook en ce moment. de Robin l'anglais, adepte des tueurs à la hache, je bondis vers le pays des Kangourous sur Kenneth, le journaliste et écrivain australien décédé en 1987 d'une crise cardiaque. Ce dernier, auteur de romans noirs également, avait écrit « Bloodhouse » en 1963 dont les traductions en français de «A coup redoublés» sont parues en 1973 et en 2008 pour l'édition « Autrement ».

Si Douglas Kennedy dépeint un petit coin d'Australie inhospitalier et déjanté dans "Piège nuptial", Kenneth Cook n'est pas en reste avec ce roman. Direction un hôtel typique australien en bord de mer, le « Calpe » qui fonctionne du tonnerre de Brest depuis que son nouveau propriétaire l'a rénové et surtout que Mick Buchanan et sa femme Jenny gèrent de main de maître l'hôtel et le bar-discothèque.

Outre la gestion de l'hôtel, Mick possède deux passions dans la vie. La première est de faire boire ses clients comme des trous et de les arnaquer, en changeant par exemple les étiquettes des bouteilles d'alcool fort pour refourguer de la piquette au prix du grand cru. Secundo, il voue une admiration sans limite pour l'amour de sa vie, c'est-à-dire… son chat Mol, au détriment de son personnel et de sa femme bien entendu. Mais où est Mol ? Mais où est Mol ? s'enquiert-il toutes les trois minutes auprès de Jenny.

Une fois planté le décor, l'auteur retrace à travers les propos d'un juge, de l'avocat de la Défense et du procureur d'un procès en cours, le récit d'un meurtre perpétré au Scalpe le samedi 17 juin. Non au Calpe, mon clavier a fourché.

Contrairement à « Crime » ou encore à mon dernier Cook « J'étais Dora Suarez », nous n'avons aucune idée de l'identité du meurtrier ni même du nom de la victime. Les seules pistes que nous fournit l'auteur demeurent la présence de John Verdon et son collègue au moment des faits. le fameux John Verdon est reconnu comme une sommité de l'abattage de boeufs à coup de merlin. Un peu comme « Merlin le désenchanteur » si vous voulez !

A partir de là, à vous de découvrir la pauvre victime et son assassin, à moins bien entendu que vous adhériez à la fondation Brigitte Bardot, une position s'avérant incompatible avec ce genre de lecture, j'en conviens parfaitement.

Quand je pense que ce roman devait être une accalmie dans mes lectures un peu sombres du moment (comme le temps pluvieux d'ailleurs), je me suis quelque peu trompé de roman.

Vous l'aurez compris, alcoolisme, prostitution, violence gratuite (ou payante même) sont monnaie courante dans ce petit coin d'Australie. Un point non-retour vers la dépravation la plus totale !

Heureusement, l'auteur manie l'humour noir avec un tel brio que l'horreur décrite sous nos yeux glisse parfaitement sur ses mots. Une vraie réussite qui nous tient en haleine jusqu'à la toute fin, je dirais même plus jusqu'à la dernière phrase énoncée par l'avocat de la Défense. A la fois implacable et d'une formidable ignominie !

Cook, j'en redemande au p'tit déj, au déjeuner et au dîner… Toujours avec modération, bien entendu, vous me connaissez !


(1) L'auberge espagnole fait allusion à un ancien propriétaire de l'hôtel hispanisant qui l'avait aménagé comme un café espagnol.
Sinon la sauce tralienne est réalisée à base de Kangourou, de Koala et surtout d'alcool Aussie.
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