Mes yeux étaient verts et les siens étaient bleus, mais nos iris partageaient la même nuance très pâle. Pour être plus précise, il avait des yeux d’un magnifique bleu très délavé alors que les miens étaient vert pastel. Cependant, il y avait une différence colossale dans l’effet que cette beauté produisait sur les autres. Faelan ne portait pas de lunettes aux carreaux très épais alors que moi, j’étais déjà myope comme une taupe. Personne ne pouvait échapper aux rayons laser de son regard tandis que le mien passait totalement inaperçu puisqu’on le distinguait à peine derrière mes loupes.
Nous ne connaissions pas encore les gestes de l’amour, nous étions trop jeunes et nous ne les découvririons que près d’une demi-année plus tard quand je lui offrirais ma virginité. Notre premier baiser a été très timide, très chaste. Nos lèvres se sont effleurées quand je me suis levée pour m’asseoir sur ses genoux et que j’ai penché mon visage vers le sien. Nous nous sommes tenus par la main pendant très longtemps et ce soir-là, nous avons tous deux pris le même savon par nos parents réciproques pour être rentrés si tard. Nous ne nous sommes pratiquement plus parlé à part pour nous répéter que nous nous aimions. On ne s’en lassait pas !
Je devais bosser dur pour assimiler mes leçons. Je le faisais avec un acharnement qu’avec le recul et la maturité, je qualifierais de louable. Je ne me décourageais pas facilement et sans être une stakhanoviste, le travail ne me faisait pas peur. J’avais donc la réputation d’être une élève sérieuse et je l’étais assurément.
Mon apparence physique quelconque était le défaut qui me pesait le plus. Je n’avais pas encore réellement basculé vers l’adolescence et mon corps s’obstinait à conserver ses rondeurs caractéristiques de l’enfance.
Je n’ai que peu de goût pour l’anonymat, j’ai besoin d’un véritable rapport intime pour dévoiler mon intimité, sinon je suis une personne très secrète et excessivement pudique.