Les Chants de la Terre, c'est plus qu'un livre à la couverture magnifique et au 4e de couverture alléchant. C'est aussi plus qu'un bel objet, c'est avant tout une histoire magnifique, magique, qui vous entraîne dans l'ailleurs, dans un monde où la magie existe et où l'homme n'a pas encore tout détruit. Un endroit qui par certains aspects peut faire penser au Moyen-Âge.
Tout commence quand Gair, un jeune homme qui entend le Chant, est accusé de sorcellerie, arrêté et risque la peine de mort. Cependant, il sera finalement condamné à l'exil. Dés lors, commence un long périple semé d'embûches, de rencontres plus impromptues les unes que les autres où notre héros risquera sa vie, connaîtra l'amour, l'amitié, la fraternité même et apprendra à développer son don. Rien dans sa vie n'est simple. Même s'il est exilé, Goran, un Ancien de l'Ordre (l'Eglise de ce monde) veut à tout prix le voir mort, celui-ci n'acceptant pas que Gair ait seulement été condamné à l'exil. Dés lors, il va faire la connaissance d'Alderan qui le sauvera et le poussera à trouver sa voie dans l'Ordre du Voile, un Ordre ancestral qui protège le Voile, unique frontière séparant le Royaume Caché du monde que nous connaissons.
Toute l'histoire se passe autour de ce voile qui s'use. Ainsi, en parallèle de l'histoire de Gair, on suit le périple de Masen qui doit à tout prix prévenir l'Ordre du Voile de cette usure avant que la fin du monde n'arrive. On découvre ainsi un peuple et une multitude de personnages mais aussi des valeurs, des traditions et la magie d'un monde dans une poésie magnifique qui émeut, touche en plein coeur et rend accro au roman au point de ne pas pouvoir le lâcher.
Elspeth Cooper signe ici son premier roman et pourtant, on jurerait que ce roman n'est pas le premier tellement tout est maîtrisé : le suspense, l'écriture, la prose, l'histoire etc. On en apprend chaque fois suffisamment pour intriguer le lecteur et le pousser à continuer sa lecture, le pousser à tourner les pages et dévoiler les secrets d'un ordre ecclésiastique qui vit sur des mensonges et d'un ordre persécuté par l'Inquisition et l'Eglise qui tente de protéger le monde.
C'est ainsi que l'on fait la connaissance de personnages de ces deux mondes que tout semble séparer. Gair se retrouvera plongé dans un monde puis dans l'autre. En effet, enfant, il a été recueillit par l'Eglise quand son pouvoir s'est développé. Puis, à la suite de son exil, se sont les îles septentrionales et l'Ordre du Voile qui le recueilleront en leur sein pour lui apprendre à maîtriser son pouvoir. Il découvrira alors l'amour et un pouvoir qui ne connait aucune limite. Malgré ce pouvoir, il reste un homme très humble et discret qui s'entraîne beaucoup et se plaint peu. Pourtant,
Elspeth Cooper ne le fait pas passer pour un surhomme. Il souffre, il est blessé, il éprouve des sentiments. En bref, c'est un homme proche du lecteur.
Et puis il y a aussi Alderan. Homme mystérieux qui ne dévoile pas facilement ses secrets, il semble en savoir beaucoup sur le Chant pour ce qu'il dit être.
Quant à Alsen, cet homme ecclésiastique, le Précepteur de l'Ordre, il semble lui aussi cacher beaucoup de choses et vouloir voir les choses changer. C'est un homme d'Eglise peu commun, différent de ses semblables et ayant une façon de penser plus libérale si on peut dire.
Enfin, il y a tous les personnages plus secondaires mais tout aussi importants tels que Goran, Savin ou encore Aysha, Tanith et Darin. Personnages que l'on découvre tout au long du livre et qui ont des attentions plus ou moins bonnes ou mauvaises à l'égard de Gair. En effet, si les premiers semblent vouloir sa mort, les seconds seront importants dans l'histoire et pour la suite.
Mais ce n'est pas seulement les personnages et le monde qui font la magie de ce monde. C'est la magie en elle-même. En effet,
Elspeth Cooper écrit ce livre comme on écrirait une poésie, avec beaucoup d'harmonie, en choisissant ses mots, en rendant l'ensemble magnifique. Mais quand elle nous parle de la magie, non seulement on est dans le monde de Gair mais en plus, on vit cette magie avec lui, comme si on pouvait nous aussi entendre la mélodie du Chant. Elle nous émeut véritablement et ne peut pas laisser quelqu'un insensible.
La fin est un déchirement. Tant pour le héros que pour d'autres personnages ou même le lecteur. Elle aura été jusqu'à m'arracher des larmes tellement le chagrin de Gair est profond, sincère et douloureux au point que les mots sont eux aussi comme une petite souffrance. Malgré tout il essaie de continuer sa vie, en vivant pour son désir de vengeance.
Vous l'aurez compris, ce livre a été pour moi un véritable coup de coeur. N'étant pas une grande fan de fantasy, ce livre aura su me faire renouer avec le genre, aura su m'émouvoir aux larmes, me toucher en plein coeur et surtout, ce roman est à mes yeux est des meilleurs que j'ai lu depuis Harry Potter, ce qui en dit très long. Je finirais juste en disant que non seulement ce livre est magique mais en plus, le courage de l'auteur est époustouflant. Il lui aura fallu 10 ans pour écrire cette saga, pour créer ce monde, cet univers. 10 ans à écrire mais aussi 10 ans à combattre la maladie. C'est peut être pour cela que ce livre paraît si humain, si proche de nous et en même temps si loin…