Citations sur Les Maraudeurs (61)
"Oh merde", eut-elle le temps de dire, comme suspendue dans les airs, avant que l'eau ne l'engloutisse. Ce furent les derniers mots de la mère de Wes. Les derniers qu'il entendit. (p.85)
« Les jours étaient plus courts, les nuits plus fraîches .Sur le bas- côté des routes , les vergers d’or étaient en fleur.
Les chênes verts perdaient leurs glands ,,qui tombaient dans un petit crépitement sur le capot des voitures et les toits en tôle des appentis .
La saison des ouragans ne toucherait officiellement à sa fin que dans quelques semaines , mais les gens étaient plus détendus » ....
Ils se remirent au travail. Au bout d'un moment, Hanson retourna la question à Cosgrove et lui demanda comment il avait atterri là.
"Ivresse sur la voie publique", dit Cosgrove.
Hanson secoua la tête et renifla, l'air incrédule. "A la Nouvelle-Orléans ? dit-il. C'est comme si les flics allaient au cimetière coffrer les gens parce qu'ils son morts."
« Parfois, Grimes tombait sur une chaîne d’information locale et regardait avec répulsion les images atroces de la marée noire.
Cadavres d’oiseaux marins , de tortues et de poissons échoués dans des lagons de boue.
Et à la Nouvelle - Orléans , lors d’une conférence de presse organisée au centre civique par la compagnie pétrolière,, un pêcheur avait lancé une tarte au citron meringuée au visage d’un avocat . La tête de ce denier n’était plus qu’une grosse boule de meringue , avec un trou béant au milieu: sa bouche en train de hurler » ....
Un peu après minuit, le vent arracha un morceau de contre-plaqué aux barricades des fenêtres du rez-de-chaussée; le carreau explosa et des trombes d'eau se déversèrent dans la maison.
C'est à ce moment-là qu'ils se mirent à prier. (p.84)
Le pare-chocs arrière avait été rafistolé avec du ruban adhésif, et à quinze kilomètres de Houston, sur l'autoroute I-10, Cosgrove entendit un bruit de crécelle, comme si on avait balancé des cailloux dans un mixeur, tandis que la voiture cahotait et tressautait. Il regarda dans le rétroviseur et vit le pare-chocs partir en tonneaux sur la route comme s'il venait de se défenestrer.
- Parfois, il faut laisser les gens faire leurs conneries jusqu'au bout, dit son père. Parce que, quoiqu'il arrive, ils les feront.
Ils apercevaient parfois les phares d'un bateau solitaire au loin, sur la ligne d’horizon. Pour le reste, la baie était étrangement déserte. Pas la moindre trace d'une présence humaine. Peut-être étaient-ils les seuls à être assez stupides pour s'aventurer dans les parages. Jour après jour, les panneaux d'avertissement plantés ici et là sur le rivage se faisaient de plus en plus comminatoires. ATTENTION A L'EAU. ATTENTION AUX ANIMAUX MORTS. INTERDIT DE NAGER. INTERDIT DE RESPIRER.
BARREZ-VOUS, CONNARD, liraient-ils probablement dans une semaine ou deux.
Ils ne dirent plus rien pendant un moment. Lindquist rejeta à l'eau un poisson-tambour, Wes une petite sébaste criblée de lésions grosses comme des petits piments.
"Tu sens ça ?" demanda Lindquist.
Wes hocha la tête d'un air dégoûté.
"Tu crois qu'il y a du poison là-dedans ?
- A la télé ils disent qu'il n'y a rien. L'Agence de protection de je ne sais plus quoi.
- Protection de l'environnement ?
- Voilà, c'est ça.
- Et tu les crois ?
- J'en sais rien.
- Moi, j'ai vu des crevettes qui n'avaient pas d'yeux, dit Lindquist.
- Moi, un jour, j'ai vu une sébaste qui en avait trois.
- Et moi une sirène avec trois nibards."
Ils pouffèrent de rire.
Wes ne le savait pas alors mais il le savait à présent : l'homme qui avait décrété que l'argent ne faisait pas le bonheur était un crétin. Un crétin qui n'avait jamais connu la pauvreté.