Avec l'argent dont je disposer chez Sarah et que j'ai eu le réflexe d'emporter , je peu passer commande : de la bière de table , du chocolat , du papier et un stylo à bille. J'ai décidé d'écrire ma vie. Pour tuer le temps. Peut-être aussi pour me vider l'esprit. Mon dossier servira aux assises. A moins que je ne meure dans ma cellule , pendu ou les poignets ouverts , comme certains autres.
J'allais pouvoir dormir. Dormir. Dormir. Dormir sans avoir bu. (P12)
Je suis dans mon lit. Comment suis-je rentré ?
Ma mémoire est blanche.
Il en est toujours ainsi quand j'ai trop bu et que je m'éveille fourbu , en proie à cette sensation bizarre d'être sur un fil tendu au-dessus d'un brouillard de mer. (p7)
Je voudrais n'être qu'une ombre sur un mur, celle de l'homme que j'aurais pu être.
Ma mémoire reste blanche. Personne ne me croyait. Personne n'avait une bonne raison de me croire. (P10)
Après une douche obligatoire, je suis entré dans la cellule. Sans cravate, sans lacets, sans ceinture. Sans volonté. (p.19)
Ce qui conduit les hommes à la folie, ce n’est pas la tournure des évènements d’aujourd’hui, mais le remords, l’amertume qu’hier a laissés ou la peur de ce que demain peut leur réserver. Ne vivons donc qu’un jour à la fois.
"Dans toute semaine, il y a deux jours dont on ne doit pas se soucier. Il faut garder ces deux jours exempts de la peur et de la crainte. Hier est un de ces jours-là. (...)
Quant à l'autre jour qui doit nous laisser impassible, c'est demain." (p.121)
J'étais Pierre, pochard public, pour le pire.
Je suis Pierre, alcoolique anonyme, pour le meilleur.
Je ne suis plus qu'un prénom. Je m'appelle Pierre et je suis alcoolique.
Je suis Pierre. Un A.A. de plus. (p.163)
On boit pour l'effet que l'alcool procure, pour capturer au vol cette excitation première, plutôt agréable, qui s'amplifie jusqu'à l'invincibilité fugace, avant le plongeon vers l'étiolement, l'abrutissement minable. (p.53)