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Critique de Laureneb


Je ne connaissais pas même le nom de l'auteur, Tristan Corbière, avant d'ouvrir les Amours jaunes. Et j'ai eu du mal à avancer ma lecture. D'abord, parce que 380 pages, c'est long pour un recueil de poésies. Cependant, ceci est le seul ouvrage publié par l'auteur, il rassemble donc toute son oeuvre, et finalement, chaque section est presque comme un recueil indépendant.
Ensuite, je me posais beaucoup de questions sur le titre : les Amours, c'est un titre classique pour de la poésie placée sous le patronage d'une femme qui est une Muse, Marcelle ici, mais l'adjectif "jaune" apporte une connotation particulière : jaune, c'est la couleur de la jalousie, du malaise. Pas de jalousie ici, ou peu, mais bien un certain malaise oui. L'adjectif est associé dans le texte au "foie", au "pélican","aux rayons du soleil qui font des trous", au "camélia jaune tout mâché"... Ce n'est donc pas un adjectif mélioratif. J'ai aussi pensé au jaune des pièces de monnaie, ce qui renverrait à l'amour tarifé, et donc aux prostituées. La Muse du poète elle-même est comparée souvent à une prostituée arpentant le trottoir, se donnant à tous.
L'argent a une place centrale dans le recueil, du moins dans la première section, car il manque. le poète décrit donc une vie de bohême. Et c'est aussi cela qui m'a ralenti dans ma lecture, car je préférais bien plus sur cette thématique Jean Richepin avec sa Chanson des gueux que j'ai également découvert cette année.
Ayant lu en parallèle les Poètes Maudits de Verlaine, j'ai découvert toute l'admiration que lui portait le "Prince des poètes", alors que l'oeuvre de Corbière était alors quasiment inconnue en France. C'est là que j'ai appris certains détails biographiques, et que j'ai avancé plus rapidement ma lecture.
Plus que ces poèmes sur le Poète à l'écart du monde, incompris, seul dans sa mansarde, vivant une vie pauvre mais riche de la beauté de ses vers, ce sont ceux sur la mer et sur la Bretagne, les dernières sections donc, que j'ai préférés, car plus originales et personnelles Corbière parle du coeur, met de sa vie et de ses sentiments ici, avec des thèmes moins célébrés en poésie. Il répond malicieusement, presque trivialement, au lyrisme de Hugo dans "Océano Nox" : les marins qu'il représente ne sont pas un idéal héroïque et tragique, mais ils sont bossus, sales, ils chiquent, vont voir les prostituées, sont tous un peu pirates ou contrebandiers. Il évoque aussi sa Bretagne, sans misérabilisme ni idéalisme, au plus près d'une vérité : le granit, les cormorans, les pardons religieux, le pain noir
Je me suis donc un peu perdue, entre poèmes présentant le "poète maudit" et sa vie de bohême, ceux à tonalité plus épique et romantique dans une Espagne fantasmée, ceux ayant pour cadre la Bretagne ou la mer... Peut-être faudrait-il lire les différentes sections à des moments différents pour éviter l'effet de trop plein.
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