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Critique de Zephirine


Rachel Corenblit a choisi de situer l'intrigue de son roman à Toulouse, le 21 septembre 2001, jour de l'explosion de l'usine AZF. Les descriptions de cette catastrophe industrielle sont bouleversantes de vérité, je l'affirme d'autant plus que je me trouvais à quelques pas d'AZF ce jour funeste et j'ai, tout au long de ma lecture, j'ai eu l'impression de revivre cette journée particulière que je n'oublierai jamais.
Journée particulière donc, durant laquelle se cherche et s'affronte une famille désunie. le parallèle est vite établi entre cette famille disloquée et les décombres dans les rues proches de l'usine.
Frida, toujours sur le mode colère et reproches, retrouve son frère Léon qui remâche un chagrin d'amour. Ces deux-là ne se voient que de loin depuis le divorce de leurs parents. Les retrouvailles se font chez Aida, la grand-mère invincible qui a vécu plusieurs vies. Au milieu de sa maison détruite, alors qu'elle a échappé de peu au verre meurtrier, elle se souvient.
« En sortant de la maison, Aida fut saisie par ce ciel et ne put s'empêcher de vaciller. Elle sentit le vertige l'envahir, la happer. Comme si on l'avait à nouveau jetée au coeur de l'enfer, soixante ans auparavant. »
Dans cette famille, il y a aussi le père, un grand émotif devenu dépressif depuis que sa femme, la belle espagnole, l'a quitté pour un autre. Et ce père a disparu dans la tourmente de cette journée folle. Frida et Leon, qui vont arpenter les rues de Toulouse à sa recherche, vont devoir se parler à nouveau et passer sur leurs différends. Les retrouvailles avec leur mère vont apporter leur lot de surprise et d'autres rencontres, nostalgiques, émouvantes ou cocasses, vont émailler leur périple. Tout est bouleversé par la catastrophe, ce n'est pas la fin du monde mais ça y ressemble quand même un peu. On croise des gens affolés, blessés, des chiens perdus, c'est le chaos d'où le soleil s'est absenté, caché par un nuage toxique.
« …ils virent un homme qui courait, tenant un enfant. le gosse était conscient, plaqué contre la poitrine de l'homme, ses bras pendant le long de son corps et de ses bras coulait le sang. »
Cette traversée étrange, décalée, d'une ville ravagée donne le rythme au texte, et quel rythme ! On est à la fois pris dans le tourbillon des relations pleines de rancune et d'hostilité de cette famille désunie mais qui s'aime encore, et d'une ville enfoncée dans le chaos.
« Plus haut, la rue s'était transformée en hôpital de campagne à ciel ouvert, comme pendant les guerres de tranchées. »
Et si la ville rose a été meurtrie ce jour de septembre, ce désastre (l'une des plus grandes catastrophes industrielles du XXIe siècle) aura permis à une famille disloquée de tisser à nouveau des liens d'affection.
Une belle histoire traitée avec délicatesse et servie par une écriture allègre et énergique.
« Pas la fin du monde » est classé roman jeunesse mais s'adresse à un lectorat plus vaste.
Je remercie les éditions Bayard et Babelio pour cette découverte.

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