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Critique de djdri25


Récit d'une tranche de vie, peu commune, dans une cabane en forêt, d'une expérience originale de 3 mois, fort intéressante que celle que nous narre Édouard Cortès dans son petit livre -Par la force des arbres-.

En refermant le livre, j'ai envie de dire par la force des arbres, bien sûr, mais aussi par la force d'hommes comme Édouard Cortés, grâce à qui la reconstruction d'une nouvelle manière de vivre, d'appréhender le monde autrement, est fort possible.


Lorsqu'il construit sa cabane en forêt, dans un chêne, l'auteur sort d'un échec, il s'est lancé dans l'élevage de brebis mais son entreprise a périclité. La conjoncture économique et les tergiversations de la bureaucratie ont précipité sa chute.

Il vit très mal son infortune, son estime de lui-même en est fortement ébranlée, il estime aussi avoir entrainé sa famille dans ce désastre (sa femme et ses trois enfants.)
Il en perd le goût de vivre et pense alors au suicide. Ses proches dont son épouse aimante, lui conseillent de voyager, de voir d'autres choses, et c'est tout naturellement qu'en lisant Cyrano de Bergerac, lui vient l'idée de construire une cabane dans un chêne, en forêt, à dix kilomètres de chez lui seulement, et d'y vivre pendant 3 mois, accessible puisque fait en local, pas besoin d'expatriation à l'autre bout du monde et cela lui a été suffisant. Sylvain Tesson à qui il me fait penser, par exemple, va plus loin, mais la lecture de l'expérience vaut le détour, elle nous instruit et ouvre de nouvelles perspectives.

Le récit nous enseigne la vertu de la patience de l'observation de l'infinitésimal ; Édouard Cortés est capable de s'émerveiller devant le travail d'un cortège de fourmis traversant la cabane ou longeant le tronc de son arbre pour en tirer des conclusions fort intéressantes sur leur manière de vivre en communauté et de s'entraider, Il met en avant un bel exemple de coopération.
D'autres vies de nombres d'insectes ou d'animaux, peuples de la forêt, sont ainsi passées au crible de son esprit d'observation et d'analyse.
Mais tout n'est pas toujours facile dans ce petit monde en miroir à notre monde, les insectes comme les animaux se dévorent entre eux, les prédateurs sont légion, mais c'est une question de survie des espèces plus faciles bien sûr pour celles qui sont plus fortes et qui dominent, une loi quasi logique du vivant, du biologique.
La loi de la forêt (la jungle) dans laquelle l'auteur s'est réfugié.
L'auteur pointe du doigt et nous rappelle le lien entre la vie et la mort, il y voit un cycle naturel et tente de nous en donner une des explications possibles, sans jugement ; la vie et la mort se mêlant de manière nécessaire pour la survie de certaines espèces, une loi fondamentale de la Nature.

C'est en miroir à ses vies d'insectes, d'animaux, d'observation de la faune sylvestre qu'Édouard Cortès tire de belles leçons de vie qu'il nous fait partager pour notre plus grand bonheur tout en titillant nos consciences .

Sa cabane construite en grande partie par lui, aidé ponctuellement par quelques amis, en élévation, est fort attrayante, toute vitrée avec une vue imprenable sur la canopée, une fenêtre ouverte sur le monde, elle illustre la couverture, le crédit photo nous indique qu'Édouard Cortès en est l'auteur.
Le rêve de tout un chacun, c'est une vision du bonheur, de jeux d'enfants, mais aussi d'une vision d'un vert Paradis panoramique, d'une grande quiétude que seules les intempéries viennent troubler, mettant ainsi l'auteur dans des situations parfois bien cocasses et remettant en place l'ordre des choses, la nature n'est pas toujours notre amie la plus chère, elle recèle aussi, outre sa beauté et la tranquillité hors de nos vies bétonnées, bien des dangers pour celui ou celle qui n'est pas aguerri.
Elle a ses propres lois de fonctionnement, hors de notre contrôle. Il faut savoir faire avec celles-ci et anticiper, bien peser le pour et le contre, si on veut se lancer dans ce genre d'aventure humaine, cela n'a pas l'air de gêner l'auteur, qui pour un temps s'en délecte, c'est une aventure physique et spirituelle.

Ce témoignage nous instruit par la précision des observations et du langage employé, l'écriture est châtiée, l'auteur use de tournures poétiques et imagées qui produisent un alliage magique de la science et de la poésie.

Dans le même esprit la frugalité est, bien sûr, nécessairement de la partie, la cabane mesure quelques mètres carrés seulement, le lit est en mezzanine, quelques éléments essentiels et un stock de réserves alimentaires suffisent.

Par ce mode de vie excentré, par les réflexions que le livre engendre sur notre société, l'auteur initie une ouverture possible sur d'autres modèles de société, un Homme plus proche de la Nature (faune et flore) vivant en harmonie avec elle, éliminant une grande partie des travers des avatars de nos sociétés consuméristes. Un être humain plus respectueux de la biodiversité, plus soucieux de son environnement proche et de l'écologie, plus axé sur ses propres rythmes et ses cycles naturels.

De cette tentative de se sortir d'une impasse et de se reconstruire naît un bel ouvrage qui a le mérite d'ouvrir certaines pistes de réflexion.
Dans la lignée d'autres explorateur ou pionniers de la vie dans la Nature, il reconstruit et construit différemment, il est à la fois, guide pratique, poétique, réflexif, écologique, sensible, il évite les jugements hâtifs. Il est une ouverture sur un autre monde possible, un autre être humain. Il a de quoi nous faire méditer.







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